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Le blog de Jean-Claude JOSEPH

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La crise dans les DOM !

 

Issu moi-même d’un ancien comptoir français, Pondichéry, la crise qui se manifeste aux Antilles depuis plus d’un mois ne me laisse pas indifférent. Je tiens à dire de suite que ce n’est pas que je comprenne le pourquoi du comment, avec la notion de la « pwofitasyon » ou de la vie chère, mais simplement parce que comme les Antillais, je ressens dans ma chair ce qu’ils ressentent depuis tant d’années, tant de siècles.

C’est au travers de ce ressentiment enfoui dans chacune des mémoires de ce que l’on appelait en Métropole « les colonisés » qu’il faut entrevoir les émeutes qui s’y déroulent.

Je mets le lien vers ce fameux documentaire qui est révélateur de bien des choses et qui dans son prolongement ou son actualité réveille soudain les blessures enfouies par tant de siècles de silence imposé.

  http://www.megavideo.com/?v=1Q1M01NV

 

Le gouvernement aurait tort de ne pas prendre en compte le surgissement de ce ressentiment, la différenciation condescendante consentie à l’égard des « colonisés ».

J’ai toujours eu le sentiment qu’au travers de son assistance, il n’y avait que poursuite par tous les gouvernements jusqu’à ce jour, d’un néo-colonialisme teinté d’un paternalisme affectueux.

Il est capital que la Métropole le comprenne et permette les vrais moyens de l’émancipation tant dans l’instruction (avec une vraie capacité universitaire), que dans l’industrie en permettant à ceux qui s’en donnent les moyens de ne pas se retrouver bloqués par quelques familles dont le souci est d’assurer leurs monopoles. Les exemples d’échec des antillais voulant s’émanciper du monopole « béké » sont nombreux que ce soit dans l’industrie sucrière ou de la banane.  N’est-ce pas à l’Etat d’assurer l’égalité des chances et permettre l’émancipation ?

Comment comprendre et admettre le circuit curieux du sucre, produit aux caraïbes, mais qui sera raffiné en France métropolitaine  et qui reviendra ensuite par bateau pour être vendu 3 à 4 fois plus cher ?

Que dire des autres produits de nécessité, ne serait-ce que tout ce qui concerne les enfants en bas âge ?

Les exemples sont nombreux, très nombreux et une goutte a fait déborder le beau vase de la caraïbe française.

Je n’entends pas çà et là le débat sur cette émancipation nécessaire aux anciennes colonies, devenues départements ou territoires d’outre-mer.

Je n’entends pas la volonté de promouvoir l’égalité de traitement entre tous, qu’ils soient métro ou non, blancs ou noirs. Il en ainsi de cette fameuse prime de vie chère ou de prime chaleur. Pourquoi certains et pas d’autres ? Surtout quand l’on sait à qui cela est destiné et certainement pas aux gens de couleur, puisque par nature ils seraient selon notre bonne vieille république « immunisés » contre les méfaits de la chaleur.

Je vais vous faire une confidence. Depuis 1988, et après chaque élection présidentielle, j’envoie un  courrier précisant mon interrogation sur la persistance de cette prime chaleur dans telle ou telle administration et je propose toujours soit de la faire supprimer soit dans un souci de simple justice d’octroyer une prime de froid pour tous ceux originaires des DOM-TOM et ex-colonies. Je dois avouer ici que je n’ai eu qu’une seule fois un accusé de réception, lors de la présidence Mitterrand. Il ne me semble pas faux de dire que le froid est  plus difficile à supporter que la chaleur et revient aussi plus cher pour s’en protéger.

Et puis me revient certains oublis de gouvernants qui heurtent notre réalité de citoyen français.

Je me souviens que Monsieur Raffarin (UMP) alors premier ministre n’avait pas lors de son séjour daigné faire un saut à Pondichéry alors qu’il était en visite à Bangalore. Je peux dire que tous les pondichériens qu’ils soient en Inde ou en France en ont été meurtris.

Il en fut de même lors du terrible Tsunami, quand le Ministre des affaires étrangères de l’époque (M. Douste-Blazy) se rendant au Sri Lanka, n’a pas daigné se rendre  à Pondichéry où plus de 2000 victimes étaient dénombrées.

Et que penser quand le Président de la France passant quelques jours de vacance au Brésil, n’en profite pas pour passer la frontière et se rendre en Guyane Française ?

 

Tous ces manques témoignent d’un déni au plus haut niveau de l’existence citoyenne des Dom et Tom. Considérer ces « territoires du bout du monde » pour reprendre une expression encore d’usage mais typiquement coloniale, comme de simples havres touristiques témoignent d’une méconnaissance de l’attente « existentielle » de celles et ceux qui y vivent.

Le problème soulevé en Guadeloupe et en Martinique est grave et j’en suis persuadé car il est ressenti au plus profond des mémoires et des chairs. Il  témoigne de ce surgissement de tous ces manques, de tous ces mépris, peut-être légers mais tellement itératifs !

Monsieur Sarkozy prévoit de se rendre aux Antilles en Avril ! Le premier ?

Je ne comprends pas l’attitude de pourrissement que ce gouvernement entretient à l’égard d’une communauté qui a toujours été fière d’appartenir à la Nation française, qui l’a montré en versant son sang.

Il est temps que tout soit enfin mis sur la table et que les privilèges de quelques uns soient une fois pour toutes mis à terre, que ces primes d’éloignement, de chaleur etc… réservé in fine aux « métro blancs » soient enfin supprimés, que les mutations soient données en priorité aux originaires des territoires et départements outre-mer.

Pourquoi comprendrait-on la détresse d’un marseillais basé sur Lille, obtenant sa mutation sur sa région d’origine et ne comprendrait-on pas celle d’un « domien ou tomien » qui participe de la même logique ?

J’entends aussi ceux qui ne voient dans ces évènements qu’une réponse : l’indépendance.  Mais cela n’a pas de mise et surtout cela n’a aucun sens. De même, faire le parallèle avec  le  Maghreb, et notamment l’Algérie, est tout aussi idiot ! Il ne faut pas tout mélanger.

 

Il faut débattre de tout cela sans passion, sans amalgame, mais avec raison et lucidité pour permettre l’égalité des chances et l’émancipation !

jcj

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J'étais hier à la Convention Nationale qui se passait à la Maison de la Mutualité ... allez soyons comme d'autres (chics et bô) et disons à la "Mutu",  mais quand même : "ô tempora, ô mores !"

Et oui la Mutu est devenue le lieu où les démocrates se rassemblent !
François Bayrou a hier évoqué, je ne sais plus à quelle occasion, (réponse à un intervenant ? dans un de ses discours ?), l'importance des symboles dans l'assemblement d'une société. Et oui,  cette journée était aussi placée sous le signe de la philosophie ....
Mutualité  ?   Mutualisation ! Solidarité ! Equité ! Justice ! Liberté !
Oui ! oui et encore OUI . Nous Démocrates,  portons depuis la Plaine en 1793 en passant par le PDP (Parti Démocrate Populaire) de 1924 ou le CDS (Centre des Démocrates Sociaux de 1974) et maintenant le MoDem (Mouvement Démocrate) ces valeurs là et les marques ou symboles de ces valeurs et de notre rêve du vivre ensemble et mieux!

Ainsi en est-il du titre de cet article qui n'est autre que la devise initiale, id est latine, de notre chère Europe !

In Varietate Concordia !

Cela a été traduit globalement dans toutes les langues de l'Union Européenne par "Unie dans la diversité !".

Comme l'a si bien dit François Bayrou,  la devise en latin a beaucoup plus de sens et de profondeur !!!
Je n'ai pas pu apprendre lors de ma scolarité le  latin et ou le  grec (sauf au travers  du Larousse), mais je mesure bien la réalité de la force singulière de cette devise ainsi dite en latin.
N'y a t-il pas une force terrible dans cette devise érigée ainsi en Latin que l'on devine, que l'on perçoit, que l'on sent presque physiquement ?
Traduire varietate par diversité et concordia par unie est vraiment très réducteur. 

J'aime cette devise latine de l'Europe car elle nous rappelle qu'avant tout, nous sommes des européens issus de ce que nous sommes et comme nous sommes, oeuvrant dans une  même direction, en entente.

Merci à François Bayrou de nous avoir rappelé cette devise sous sa forme originelle !
Cela va nous servir !

En effet la Convention Nationale du MoDem se réunissait  à la Mutu pour présenter publiquement nos "têtes de liste" aux prochaines élections européennes.

Ile-de-France
1 - Marielle de Sarnez
2 - Bernard Lehideux
3 - Fadila Mehal

Nord-Ouest
1 - Corinne Lepage
2 - Olivier Henno

Ouest
1 - Sylvie Goulard
2 - Bruno Joncour

Sud-Ouest
1 - Robert Rochefort
2 - Anne Laperrouze

Sud-Est
1 - Jean-Luc Bennahmias
2 - Fabienne Faure
3 - Gilles Artigues

Est
1 - Jean-François Kahn
2 - Nathalie Griesbeck
3 - Yann Wehrling

Massif Central - Centre
1 - Jean-Marie Beaupuy
2 - Chérifa Adaissi


Vous constaterez  que nous n'avons pas de "têtes de liste" établies pour les DOM (Département d'Outre Mer).
Pourquoi ?
Serions nous donc devenus idiots oubliant ainsi nos départements outre-mer qui souffrent tant de cette espèce de néo-colonialisme ou du paternalisme si affectueux de la "si bonne métropole" ?

En fait et personne ne l'a clairement exposé dans nos media, le gouvernement est en train de décider de changer les règles du scrutin concernant l'Outre Mer ! A moins de 6 mois du scrutin, ce gouvernement et son premier consul sont en train de vouloir changer de règles du jeu.
Qui s'en offusque ?
La gauche ? Cette bonne vieille gauche représentée par le PS et le PC ? et non !
Cette ultra-gauche représentée par les autres qui se disent anti-capitalistes et anti-impérialistes et anti-colonialistes ? Et bien non !
Cela n'a marqué personne sauf nous!!! C'est bizarre non !
Comme le disait si bien Jean-François Kahn :
"Il n'est pas idiot de dire, vous avez eu tort et nous avons eu raison ou alors vous n'avez pas tort, mais il n'est pas absurde de voter pour ceux qui ont eu raison !"
Ces prochaines élections doivent être sous tendues par la mise en lucidité de nos concitoyens.
 Ce sera notre "job", notre volonté première, notre ciment !
Nous allons éclairer la scène de la campagne qui s'annonce !

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Ce Jeudi 29 Janvier 2009, j'ai décidé de m'associer aux divers mouvements sociaux.

Bien sûr les mots d'ordre seront bien différents, selon qu'ils émanent de telle ou telle structure syndicale ou de tel ou tel parti politique.

Mais en même temps, la déliquescence de l'harmonie sociétale est telle depuis ces dernières années  qu'il ne m'est pas possible d'être tranquillement  installé derrière mon bureau de consultation.


Je fermerai donc mon cabinet ce matin pour manifester physiquement ma solidarité et mon engagement

L'inquiétude de nos concitoyens est forte.

Le sentiment  éprouvé par ceux que je soigne chaque jour est prégnant et il  est marqué par cette chose terrible qu'est l'injustice.
Il est martelé sans cesse par nos gouvernants la "défausse" de la crise financière internationale sauf que ceux qui vont en pâtir ne seront pas ceux qui vont "se refaire une santé". 

L'état a su distribuer deux fois 10 milliards aux banquiers,  ceux là mêmes qui jouant sans compter avec les chiffres et provoquant es envies du consommateur par des crédits facilement distribués (et pire revolving) sans penser que ceux qui vont subir dans les prochains mois les impérities de ces "grands financiers" sont ceux qui déjà subissent et se sacrifient sans jamais recevoir une once de leurs efforts imposés.

Dans le domaine de la protection sanitaire, une nouvelle étape a été franchie. Le reste à charge va à nouveau être alourdi puisque si l'assuré ne respecte le fameux parcours de soins dont il faudra me dire si ce concept est vraiment légal, (puisque non contractuel mais déclaratif), sera pénalisé de 70% dans ses remboursements.

Cela augure et je me répète de la volonté insidieuse de ce gouvernement et de son chef (le président et non pas le premier ministre) de donner une place aux assurances privées.

Nous courrons vers un système où comme le souhaitait déjà en 1995 le candidat Balladur (assisté de son directeur de campagne Nicolas Sarkozy) où à  côté de l'assurance maladie obligatoire et de l'assurance maladie complémentaire (mutuelle) prendra place l'assurance maladie supplémentaire dont le but sera bien sûr sous tendu par la notion du profit.

Il faut exprimer cette dérive vers un système assurantiel.
Il faut dénoncer et ouvrir les yeux de nos concitoyens sur la perte progressive de notre système de répartition dans la solidarité, système qui faisait l'Honneur de notre pays.

Je serai donc dans la rue ce matin, pour signifier mon attachement à la solidarité nécessaire qui soit basée sur le principe de répartition et permette à chacun d'entre nous un égal accès à des soins d'égale qualité.

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Merci à la Chaine Public Sénat d'avoir mis en ligne la cérémonie d'investiture du 44ème Président des Etats Unis.

L'élection du démocrate Barak OBAMA suscite beaucoup d'émotion et surtout beaucoup d'espoir notamment de cette middle-class si souvent ignorée dans les pratiques et discours politqiues habituels.

Le président démocrate a déclaré choisir l'Espoir et non la peur. Cela me rappelle ce que nous disions en tant que démocrates en 2007 au travers de la campagne de François Bayrou avec l'élaboration de notre Projet d'Espoir.
Bientôt viendra le temps où nous reprendrons notre bâton de pélerin pour indiquer l'alternative à la politique menée actuellement en France et cela commencera par l'étape des élections européennes.

Une chose, insignifiante au demeurant, m'irrite quand même. Il s'agit de la présence forcée de Madame Royal lors de cette cérémonie d'investiture alors que la France n'était représentée officiellement que par son ambassadeur. Basculerait-elle vers le camp des "démocrates" ? A quel titre y participait-elle ? Qui a assuré son déplacement ?


Voici la vidéo de cette cérémonie d'investiture et le discours de
Monsieur Barak OBAMA,
Président des Etats Unis d'Amérique



"L'espoir plutôt que la peur"
envoyé par publicsenat

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Cela fait depuis plus d'un an que le Mouvement Démocrate s'est mis au travail à propos de la campagne future aux élections européennes. Bientôt nous serons en mesure de décliner partout et sans complexe aucun nos propositions pour que l'Union européenne malmenée par Chirac et l'échec du référendum retrouve la conception initiale du vivre ensemble telle que magnifié par le Traité de Maastrich et du pep's.

Il importe pour cela que ceux qui ne sont pas encore inscrits sur les listes électorales le fassent et ce avant le 31 décembre. Il faut bien retenir que tout ressortissant communautaire a le droit de vote en France même s'il ne réside pas son pays d'origine, donc :

INSCRIVEZ VOUS VITE !

 



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En attendant l'article résumant cette première conférence nationale qui a eu lieu le 26 octobre 2008 à Paris, je vous laisse apprécier la qualité et la richesse de la séquence discussion", qui a eu lieu après les interventions fortes, pédagogiques  et courageuses des principaux orateurs que furent Robert Rochefort, Michel Camdessus, Nicole Maestracci et Jean-François Khan.

Je veux avant toute chose insister sur la liberté qui a prévalu dans ces échanges, En fait, François Bayrou gardant le réflexe de ce qui a l'habitude de se faire dans d'autres partis et indiquant qu'il fallait s'inscrire  (d'où une "certaine modération" s'est vite rendu compte de la liberté d'interventir, réalité objective de notre mouvement désormais. il suffisait ainsi de lever la main pour pouvoir s'exprimer, avec le seul respect d'une alternance femme-homme.
Cela n'est-il pas un  signe de la vitalité démocratique de notre parti ?

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Les Etats Unis d'Amérique ont ferméle chapitre des "neo-con". Monsieur Barak Obama a été élu président .
La tâche à accomplir ne sera pas simple mais nul doute que l'enthousiasme et la rigueur du nouveau président permettront de dire "America is back !"

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Comme les démocrates outre-atlantique, comme tous les démocrates de par le monde, comme les démocrates de l'Union Européenne, les démocrates de France vont pouvoir suivre avec l'émotion qui accompagne les grands évènements la nuit américaine, celle qui nous dira si les Etats Unis d'Amérique font le choix d'un président démocrate : Barak Obama.

Ceux qui seront sur Paris pourront suivre cela au siège du Mouvement Démocrate et les autres sur le site spécialement dédié.


A Lyon, un petit-déjeuner est organisé par les Jeunes démocrates du Rhône, afin de faire le point sur ces élections et leur résultat.


RD2 - CHG !



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Quel dommage que d'entendre ou lire à longueur de journée dans nos medias français que les américains vont se déterminer pour un "noir" à la présidence des Etats Unis.
Je crois que les américains ont déjà dépassé ce problème de couleur qui nous terrifie tant en France, pays qui se veut si intégrationniste et si antiraciste.
Il me semble que la seule couleur qui intéresse nombre d'américains est la couleur verte, celle du dollar !
Les américains vont se déterminer pour un homme qui a du charisme, qui est profondément américain, qui est jeune, qui veut effacer les années du "neo - con" incarné par GW Bush.
Les américains vont d'abord se déterminer pour un changement de politique et notamment dans l'aide qui pourra être donnée à la "middle-class" celle qui est en train de sombrer au travers des subprimes.
Les américains vont d'abord se déterminer entre le meilleur représentant du Parti Démocrate et le représentant du Parti Républicain.
Si les media français  insistent tant sur le caractère racial de cette élection cela veut sans doute dire que la France n'est guère prête à juger les hommes et les femmes de leur pays sur leur compétence mais encore sur la couleur de leur peau !

Le Modem s'est  depuis longtemps déterminé pour les Démocrates américains et sera fier de voir la plus grande démocratie du Monde dirigée par Barak Obama.
Un nouveau chapître s'ouvrira alors pour les Etats Unis mais aussi pour l'Europe et notre pays. Et le vent qui soufflera alors celui de nos idées démocrates et humanistes.

 



Le programme de M. Barak OBAMA

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Ce matin recevant mon Libé quotidien  je suis tombé sur un article de Didier Tabuteau concernant l'Assurance-maladie et sa "réforme".

Une santé moins solidaire
Didier Tabuteau responsable de la chaire santé à Sciences-Po.
Libération QUOTIDIEN : mardi 12 février 2008
 

 Qu’est-ce qu’un demi-euro ou un euro pour se faire soigner ? La question faussement naïve revient régulièrement dans le débat sur les franchises. La modicité de la somme dissimule en réalité un enjeu crucial pour l’avenir de l’assurance-maladie. La Sécurité sociale repose en matière de santé sur une solidarité entre les bien portants et les malades. Il ne s’agit pas, comme en matière de retraite, d’accumuler des durées de cotisations pour bénéficier en retour d’une pension. L’objectif devrait être, pour chacun d’entre nous, de payer cotisations et CSG pendant toute notre vie sans rien recevoir en contrepartie. L’idéal n’est-il pas de vivre toute sa vie en bonne santé et de décéder brusquement à un âge le plus avancé possible ?

La contribution des malades à leurs dépenses de santé, en particulier par l’instauration d’un ticket modérateur, a pourtant été inscrite dès l’origine dans les textes. Or la «responsabilisation» des malades par l’argent, pour reprendre l’argumentation moralisante avancée, a des effets délétères. Elle dissuade les moins fortunés, malgré la CMU, mais aussi nombre de familles aux revenus intermédiaires, de recourir précocement aux soins ou de s’engager dans des démarches de prévention. Sans oublier les renoncements à des appareillages indispensables comme les prothèses dentaires ou auditives. Mais elle n’a que peu d’effets sur les catégories les plus favorisées, qui bénéficient de surcroît des meilleurs contrats de protection complémentaire. Quoi qu’il en soit, le coût supporté par l’usager, directement lorsqu’il n’a pas d’assurance complémentaire ou de mutuelle, ou indirectement lorsqu’il en dispose, ne se résume pas aux montants, encore limités, des franchises. Pour mesurer les effets de la réforme en cours, il faut prendre en compte le «reste à charge» (RAC), c’est-à-dire l’ensemble des sommes dues au-delà du remboursement par la Sécurité sociale. Par exemple pour un acte médical, ce «RAC» ne se limite pas au forfait de 1 euro résultant de la loi de 2004, mais résulte de l’addition de ce forfait, du ticket modérateur de 30 % et d’un éventuel dépassement tarifaire. Pour une consultation d’un médecin généraliste pratiquant les tarifs de la Sécurité sociale, cela représente près de 8 euros sur 22 et pour celle de médecin spécialiste exerçant en secteur 2, tarifée à 50 euros, près de 35 euros ! On est loin du 1 euro brandi par les défenseurs de la réforme.
En outre, l’argument de la responsabilisation financière bute sur les réalités de la dépense de santé. 10 % des assurés, les plus gravement malades, représentent les deux tiers des dépenses. Personne ne peut penser que des hospitalisations ou des chimiothérapies révèlent les excès d’un consumérisme médical ! Quant aux autres dépenses, un tiers du total, elles répondent pour l’essentiel à de véritables besoins sanitaires. La maîtrise des dépenses, si elle est d’une impérieuse nécessité pour garantir la bonne utilisation des deniers sociaux, ne doit pas passer par la pénalisation économique des malades. Insidieusement, l’augmentation du reste à charge peut fissurer les fondements mêmes du système d’assurance-maladie. Demi-euro par demi-euro, la part de la Sécurité sociale dans le remboursement des dépenses de santé, du moins en médecine de ville et en dehors des affections de longue durée, diminue progressivement. A ce rythme, l’assurance-maladie n’assurera bientôt plus qu’une fraction minoritaire de la dépense.
On peut imaginer, dans un scénario catastrophe, qu’à terme ces dépenses courantes soient totalement laissées à la charge des assurés sociaux. Dans cette perspective, accroissements du ticket modérateur, forfaits et franchises peuvent apparaître comme les instruments d’une «politique du salami», qui débite, méthodiquement, par fines tranches successives les renforts de la protection solidaire. Ces mesures font le lit, ingénument ou délibérément, d’une privatisation au moins partielle de l’assurance-maladie. Avec son cortège de risques pour la santé publique et le spectre d’une médecine à autant de vitesses qu’il existe de contrats d’assurance complémentaire. Mais aussi avec la menace d’un encadrement de leurs pratiques sans commune mesure avec les «contraintes» aujourd’hui exercées par l’assurance-maladie. Derrière le développement des franchises et des dépassements d’honoraires, c’est l’avenir de la protection maladie fondée sur la solidarité qui se joue. La lutte contre les gaspillages, pour légitime qu’elle soit, ne doit pas être le paravent de stratégies poursuivant d’autres fins.
Dernier ouvrage paru :Les contes de Ségur, les coulisses de la politique de santé (1988-2006), Ophrys santé, 2006.

Analyse

Il soulève à mon sens un des points fondamentaux de ce qui est présenté comme la réforme "majeure" de l'assurance-maladie par ce gouvernement et le précédent (ne l'oublions-pas!), la mise au placard de ce qui faisait la spécificité de la prise en charge de la maladie dans notre pays.


Je partage son analyse d'aujourd'hui, même si je pense qu'il participa, alors qu'il était au cabinet de Claude Evin, ministre des affaires sociales de Michel Rocard, à l'éclosion de ce changement d'orientation, sous le couvert  de l'expression " maitrise médicalisée des dépenses de santé" inventée à cette époque et maniée depuis, par tous les gouvernements successifs comme une ligne de vertu pour justifier toutes les opérations de simple ordre comptable. 


L'analyse de Michel Rocard, alors premier ministre et de son ministre des affaires sociales était sous-tendue par cette réflexion publiée dans une interview parue dans Impact médecin du 12 janvier 1990 :
 " Pourquoi le secteur de la santé serait-il celui où les progrès technologiques n'engendrent jamais des gains de productivité mais toujours des coûts supplémentaires ? "


Ainsi pour la première fois et de manière tranchée on abordait la notion de productivité en matière de santé et il fallait donc raisonner dans ce domaine comme dans n'importe quel domaine économique.

A cette époque j'animais la COMERLY (COordination des MEdicaux de la Région de LYon) et j'étais aussi un des responsables de la coordination nationale des médecins, créée en réaction à un avenant à la convention médicale  amené en catimini en plein mois d'août 1989.

Nous avions vivement réagi à l'époque devant notamment l'utilisation du 49-3 pour faire passer la réforme et la mise en œuvre de conventions séparées et nous estimions déjà dans notre réflexion que nous allions de toutes façons, changer d'orientation dans la prise en charge de la santé qui verrait ainsi la solidarité s'amoindrir au profit de l'assurantiel pur par simple effet pervers.


Je crois que toutes les réformes comptables qui ont suivi, ont gardé comme base cette notion de productivité, oubliant simplement que, au travers des chiffres d'une activité de santé, il s'agissait de considérer des êtres humains souffrants.


Je serai pour ma part plus direct que Didier Tabuteau car je ne crois pas une seule seconde que les mutuelles (l'assurance complémentaire d'aujourd'hui) iront ou pourront de par leur éthique, aller vers une logique assurantielle basée sur le profit. 


Il me semble donc tout à fait logique que le "Reste A Charge" sera alors le créneau d'assurances privées dont le credo n'est pas par essence la solidarité. Il faut se rappeler que les AGF s'étaient engouffrées un peu prématurément dans ce créneau en proposant une  assurance particulière ("Avantage" il me semble et qui prétendait assurer le meilleur intervenant, le meilleur soin, le meilleur hôpital, la meilleure clinique ) sitôt la loi du 13 août 2004 et sa convention médicale du 17 janvier 2005 promulguées.


En effet, la réforme ayant permis la création d'un "vide" (le RAC), la mise en place du système des franchises permet désormais l'installation confortable et désirée d'assurances privées dans ce vide non remboursé par le système d'assurance- maladie obligatoire mais aussi  complémentaire puisque le gouvernement a interdit aux mutuelles de prendre en charge ces franchises.

Je voudrais d'ailleurs rappeler que lors de sa campagne de 1995, Edouard Balladur dont le directeur de campagne n'était autre que Nicolas Sarkozy, évoquait la nécessité de souscrire une telle assurance qu'il qualifiait de supplémentaire.  CQFD ?


Ainsi progressivement, insidieusement notre modèle basé sur une solidarité particulière, celle des biens portants aux malades comme le définissait Pierre Laroque en 1947, aura disparu pour laisser la place à un modèle ressemblant étrangement à ce qui peut se voir au pays du Lac Léman.  

 
Espérons que  cette réflexion reprise par  Didier Tabuteau dans son article d’aujourd’hui,  soit  enfin l'objet d'un débat clair et courageux, associant tous ceux qui restent attachés aux principes fondateurs de notre Sécurité Sociale, et notamment dans le cadre des Etats généraux de l'organisation des soins (EGOS) dont la première phase s'est achevée vendredi.   
PS : il est toujours possible de signer la pétition contre les franchises médicales !

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