La crise dans les DOM !
Issu moi-même d’un ancien comptoir français, Pondichéry, la crise qui se manifeste aux Antilles depuis plus d’un mois ne me laisse pas indifférent. Je tiens à dire de suite que ce n’est pas que je comprenne le pourquoi du comment, avec la notion de la « pwofitasyon » ou de la vie chère, mais simplement parce que comme les Antillais, je ressens dans ma chair ce qu’ils ressentent depuis tant d’années, tant de siècles.
C’est au travers de ce ressentiment enfoui dans chacune des mémoires de ce que l’on appelait en Métropole « les colonisés » qu’il faut entrevoir les émeutes qui s’y déroulent.
Je mets le lien vers ce fameux documentaire qui est révélateur de bien des choses et qui dans son prolongement ou son actualité réveille soudain les blessures enfouies par tant de siècles de silence imposé.
http://www.megavideo.com/?v=1Q1M01NV
Le gouvernement aurait tort de ne pas prendre en compte le surgissement de ce ressentiment, la différenciation condescendante consentie à l’égard des « colonisés ».
J’ai toujours eu le sentiment qu’au travers de son assistance, il n’y avait que poursuite par tous les gouvernements jusqu’à ce jour, d’un néo-colonialisme teinté d’un paternalisme affectueux.
Il est capital que la Métropole le comprenne et permette les vrais moyens de l’émancipation tant dans l’instruction (avec une vraie capacité universitaire), que dans l’industrie en permettant à ceux qui s’en donnent les moyens de ne pas se retrouver bloqués par quelques familles dont le souci est d’assurer leurs monopoles. Les exemples d’échec des antillais voulant s’émanciper du monopole « béké » sont nombreux que ce soit dans l’industrie sucrière ou de la banane. N’est-ce pas à l’Etat d’assurer l’égalité des chances et permettre l’émancipation ?
Comment comprendre et admettre le circuit curieux du sucre, produit aux caraïbes, mais qui sera raffiné en France métropolitaine et qui reviendra ensuite par bateau pour être vendu 3 à 4 fois plus cher ?
Que dire des autres produits de nécessité, ne serait-ce que tout ce qui concerne les enfants en bas âge ?
Les exemples sont nombreux, très nombreux et une goutte a fait déborder le beau vase de la caraïbe française.
Je n’entends pas çà et là le débat sur cette émancipation nécessaire aux anciennes colonies, devenues départements ou territoires d’outre-mer.
Je n’entends pas la volonté de promouvoir l’égalité de traitement entre tous, qu’ils soient métro ou non, blancs ou noirs. Il en ainsi de cette fameuse prime de vie chère ou de prime chaleur. Pourquoi certains et pas d’autres ? Surtout quand l’on sait à qui cela est destiné et certainement pas aux gens de couleur, puisque par nature ils seraient selon notre bonne vieille république « immunisés » contre les méfaits de la chaleur.
Je vais vous faire une confidence. Depuis 1988, et après chaque élection présidentielle, j’envoie un courrier précisant mon interrogation sur la persistance de cette prime chaleur dans telle ou telle administration et je propose toujours soit de la faire supprimer soit dans un souci de simple justice d’octroyer une prime de froid pour tous ceux originaires des DOM-TOM et ex-colonies. Je dois avouer ici que je n’ai eu qu’une seule fois un accusé de réception, lors de la présidence Mitterrand. Il ne me semble pas faux de dire que le froid est plus difficile à supporter que la chaleur et revient aussi plus cher pour s’en protéger.
Et puis me revient certains oublis de gouvernants qui heurtent notre réalité de citoyen français.
Je me souviens que Monsieur Raffarin (UMP) alors premier ministre n’avait pas lors de son séjour daigné faire un saut à Pondichéry alors qu’il était en visite à Bangalore. Je peux dire que tous les pondichériens qu’ils soient en Inde ou en France en ont été meurtris.
Il en fut de même lors du terrible Tsunami, quand le Ministre des affaires étrangères de l’époque (M. Douste-Blazy) se rendant au Sri Lanka, n’a pas daigné se rendre à Pondichéry où plus de 2000 victimes étaient dénombrées.
Et que penser quand le Président de la France passant quelques jours de vacance au Brésil, n’en profite pas pour passer la frontière et se rendre en Guyane Française ?
Tous ces manques témoignent d’un déni au plus haut niveau de l’existence citoyenne des Dom et Tom. Considérer ces « territoires du bout du monde » pour reprendre une expression encore d’usage mais typiquement coloniale, comme de simples havres touristiques témoignent d’une méconnaissance de l’attente « existentielle » de celles et ceux qui y vivent.
Le problème soulevé en Guadeloupe et en Martinique est grave et j’en suis persuadé car il est ressenti au plus profond des mémoires et des chairs. Il témoigne de ce surgissement de tous ces manques, de tous ces mépris, peut-être légers mais tellement itératifs !
Monsieur Sarkozy prévoit de se rendre aux Antilles en Avril ! Le premier ?
Je ne comprends pas l’attitude de pourrissement que ce gouvernement entretient à l’égard d’une communauté qui a toujours été fière d’appartenir à la Nation française, qui l’a montré en versant son sang.
Il est temps que tout soit enfin mis sur la table et que les privilèges de quelques uns soient une fois pour toutes mis à terre, que ces primes d’éloignement, de chaleur etc… réservé in fine aux « métro blancs » soient enfin supprimés, que les mutations soient données en priorité aux originaires des territoires et départements outre-mer.
Pourquoi comprendrait-on la détresse d’un marseillais basé sur Lille, obtenant sa mutation sur sa région d’origine et ne comprendrait-on pas celle d’un « domien ou tomien » qui participe de la même logique ?
J’entends aussi ceux qui ne voient dans ces évènements qu’une réponse : l’indépendance. Mais cela n’a pas de mise et surtout cela n’a aucun sens. De même, faire le parallèle avec le Maghreb, et notamment l’Algérie, est tout aussi idiot ! Il ne faut pas tout mélanger.
Il faut débattre de tout cela sans passion, sans amalgame, mais avec raison et lucidité pour permettre l’égalité des chances et l’émancipation !
jcj