Ou lettre ouverte à Mesdames et Messieurs les députés de France
Bien surpris hier par le discours du premier ministre Manuel Valls !
On aurait dit un discours de politique générale alors qu'il ne devait s'agir que de commenter un échec électoral aux étiologies multiples.
Encore plus surpris en l'entendant déclarer, avec un semblant de fermeté que le tiers-payant serait bien généralisé.
Cet entêtement dépasse l'entendement !
Le fait d’avancer les frais liés à une consultation au titre conventionnel de secteur 1 n’est pas la garantie d’un accès aux soins facilité.
N’oublions jamais que c’est la mise en place de franchises dites médicales qui est une des sources du retard à l’accès aux soins.
Si ce gouvernement avait un tant soit peu, l’âme équitable à défaut d’être charitable, il devrait au préalable abroger la loi du 19 décembre 2007 instaurant les franchises médicales.
Je rappelle que cette disposition est contraire à l’idée même du principe de répartition dans l’assurance-maladie tel que défini par Pierre Laroque (père de la sécurité sociale) qui veut que les bien-portants cotisent pour les malades.
Aujourd’hui et cela est scandaleux, les malades paient plus parce qu’ils sont malades !
Ne pas remettre en cause ces dispositions prises sous l’ère Chirac-Sarkozy est pour moi une faute et une faute encore plus grave s’agissant d’un gouvernement qui se dit socialiste !
Mais aussi :
Quid du temps passé aux tâches administratives souvent sans fondement et souvent itératives pour la même cause ?
Quid de la réflexion sur ce temps administratif qui obère largement sur le temps nécessaire aux soins ?
Quid de l’épuisement des médecins face à ces tâches administratives bien souvent ajoutées par délégation sous prétexte de l’informatisation des cabinets ?
Quid alors sur la difficulté des assurés sociaux à trouver rapidement réponse à leurs maux et consulter sans un délai trop grand un médecin ?
Et puis, si malgré tout :
Quid des franchises ? Seraient-elles alors à charge du praticien ?
Quid de la capacité réelle du praticien de pointage et contrôle des remboursements ?
Quid de la rapidité du paiement des actes effectués n’entravant pas la vie même des praticiens (et si la caisse ne payait qu’en fin de mois !)?
Quid de la liberté d’exercer la médecine avec cette épée de Damoclès, représentée alors par la mainmise de l’assurance-maladie sur les remboursements des actes réalisés et sur les revenus des médecins ? Le ROSP n'en est-il pas déjà l’avatar !
Or :
Le premier ministre peut, s’agissant de sa volonté à permettre aux assurés sociaux de France, la dispense d’avance des frais, rendre les choses très simples, faciles d'exécution et donc acceptables par les médecins comme le rappelle cet article tiré du magazine Mutuelle et Santé dans son numéro de ce mois de mars !
Mutuelle et Santé agazine de la MTRL, n°85 - mars 2015
Demain démarre la discussion de ce projet de loi à l’Assemblée Nationale !
Projet de loi Santé !
Mesdames et Messieurs les députés, il est de votre devoir :
de lire vraiment ce projet de loi,
de le remettre dans le contexte actuel du mille-feuilles législatif depuis la loi du 13 août 2004,
de l’analyser article par article,
de réfléchir sans passion sur la portée de chacun des articles de cette loi,
de mesurer alors les conséquences réelles à court et moyen terme,
de comprendre qu’une solution existe pour permettre l’avance des frais santé, sans pour autant faire des médecins de ville appelés encore « libéraux », des médecins administrés tant dans leur pratique quotidienne que dans la perception de leurs revenus liés aux soins des malades et des souffrants !