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Le blog de Jean-Claude JOSEPH

Nous sommes dans un pays vraiment extraordinaire !

 

Il vaut mieux en effet pour être informé de ses missions, avoir un œil sur les media (presse écrite et audiovisuelle).

 

Ainsi,  depuis la semaine dernière, les lecteurs, auditeurs et téléspectateurs ont appris que désormais les généralistes toujours appelés médecins traitants pourraient vacciner contre le virus de la grippe AH1N1v, à leur cabinet.

 

Or, il me semble que pareille information aurait dû mériter une communication directe du ministère de tutelle auprès des nouveaux missionnés ! Il n’en est rien !

Je n’ai reçu aucune information officielle par lettre tant du ministère de la santé que de l’assurance-maladie, m’informant de cette mission nouvelle et désormais possible selon les media !

 

Quel est le dispositif choisi pour me faire approvisionner en vaccins ?

Ai-je le droit (ce qui me semble être un devoir de responsabilité) de prescrire le vaccin que je souhaite ?

Comment et ce de manière concrète, sera assurée la traçabilité du processus vaccinal dont je serais par mon acte responsable ?

 

Je passe sur la rémunération car dans cette mission que je considère de service public, je ne vois aucun inconvénient à l’assurer gratuitement !

 

Nous sommes donc encore une fois dans une opération de marketing politique !

 

 

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Début décembre je recevais un mail d'un de mes anciens patients. Je lui ai répondu aussitôt et je me suis dit que ma réponse pourrait faire l'objet d'un article. J'en avais espéré la publication dans mon quotidien favori auquel je suis abonné depuis plus de 20 ans mais sans doute mon mail a dû passer en "pourriel". J'aurais dû l'adresser par voie postale. (Je vais sans doute le faire.. et on verra bien ...)

 


Du virus A H1N1v et la grande campagne de vaccination gouvernementale !



Cher Patient,

 

Je vous remercie de m’avoir fait part de vos interrogations par votre mail reçu ce 3 décembre que je reproduis in extenso mais de manière « anonymisée » car vous me donnez ainsi une occasion particulière d’expression sur ce sujet brûlant et je vous en sais gré. Et quel plaisir personnel en constatant votre souvenir de votre ancien médecin de famille et de la confiance que vous continuez à lui accorder, alors que vous avez quitté Lyon depuis quelque temps déjà.

 

 

« Bonsoir, 

Nous avons été sollicités par le collège pour faire vacciner nos enfants. Bien que défavorable dans un premier temps, nous nous posons quelques questions au regard de la campagne de vaccination fortement relayée par les médias. Certains médecins déconseillent cette vaccination ! Quelles en sont les raisons ? D’autres professionnels de la santé la préconisent expressément ! Pourquoi cet empressement ?  Qu’en pensez-vous ? Quelle est votre position sur ce sujet ? Que devons-nous faire ? Que nous conseillez-vous pour nos enfants ? Et pour nous-mêmes ? 

Dans l’attente de vous lire, » 

 

Je vais tâcher de vous répondre au mieux en reprenant chacune de vos questions.

 

1. Tout d'abord de quoi s'agit-il ?

Il s'agit d'un virus de la grippe, vaste famille appelée Influenza, du groupe et de la souche H1N1. Cette souche existe depuis longtemps d'ailleurs et si vous avez la curiosité de regarder la composition du vaccin contre la grippe dite saisonnière, vous verrez qu'il y a une souche H1N1.
En fait il s'agit d'un variant du virus de la grippe A H1N1 et on devrait pour être précis l'écrire H1N1v. Il se dit aussi que cette souche aurait circulé en 1957 ce qui pourrait expliquer le peu de cas chez des personnes nées avant 57.
Les anglo-saxons qui n'ont pas de scrupule à dire les choses comme elles sont, ont continué à appeler cette grippe " swine flue", mais notre gouvernement sous la pression des éleveurs bien marris après l’affaire dite de la vache folle (encéphalite spongieuse bovine), n'a pas jugé utile de continuer d'appeler cela « grippe porcine ».

 

Ce virus a la particularité, fâcheuse au demeurant d’être très contaminant et de toucher des personnes jeunes, en bonne santé et sans antécédents particuliers. C’est à mon sens cela qui a justifié une telle ampleur de la part de tous les gouvernements, puisque c’est notre jeunesse et nos forces vives de demain qui sont exposées à un risque vrai. Et là nous rentrons aussi dans une dimension politico-économique vraie.

 

Ce virus a été isolé dès l’année dernière et naturellement vu les progrès considérables en virologie, il n’a pas fallu beaucoup de temps pour réaliser un vaccin spécifique au H1N1v.

Sachez que le processus de fabrication est heureusement bien rodé et que la notion de temps n’est plus un critère de réflexion utile.

 

Donc nous avons un virus et un vaccin.

Mais il y a de fait trois sortes de vaccins qui ont été fabriqués selon l’empressement ou la volonté de tel ou tel de l’industrie pharmaceutique d’être les premiers et de remporter un marché.

 

Première sorte de vaccin : celui à base du virus entier mais inactivé (ce que l’on peut voir au niveau de la rougeole ou de la rubéole). Il provoquera par nature une réaction secondaire reflétant la maladie à minima dont on veut se protéger (exemple de l’éruption possible 15 jours après l’injection par le ROR).

 

Deuxième sorte de vaccin : celui à base des fragments antigéniques. Celui-ci est donc plus « pur ». C’est le cas par exemple des nouveaux vaccins existants (grippe saisonnière…). Afin d’augmenter la réaction antigène – anticorps et le processus immunogène, des adjuvants peuvent être associés (exemple du vaccin contre l’hépatite B mais aussi de ceux que l’on a au niveau du quintavalent ou de l’hexavalent)

Ces adjuvants sont en général à la base d’effets secondaires propres.

 

Troisième sorte de vaccin : celui à base de fragments antigéniques et sans adjuvant. C’est a priori celui qui aura le moins d’effets secondaires et qui sera pratiqué chez les femmes enceintes et les nourrissons.

 

2. Pourquoi un tel emballement médiatique ?

 

Les mauvaises langues pourraient dire que mettre cette affaire en gros plan, permet à nos gouvernants de taire les effets de la crise sociale et économique que la classe moyenne en particulier subit.

Je pense aussi, que comme le coq, le gouvernement ne voulant pas risquer une seconde affaire « canicule » et ayant dans ses cartons et ses casernes du matériel en péremption à partir de septembre 2009 (en stock depuis la menace épidémique du H5N1 (grippe aviaire), a fait donner l’artillerie lourde (cocorico !).

Les journalistes comme à leur habitude depuis quelques années n’ont fait que relayer les informations distillées par le gouvernement sans exercer ce pourquoi ils ont été formés, c'est-à-dire leur sens critique.

Alors pourquoi tant d’empressement aujourd’hui ?

 

Mon analyse est la suivante et je ne sais si elle juste mais elle me parait recevable.

En effet, il faut savoir que chaque année et depuis plus d’une décennie, il est « offert » aux personnes âgées et à risque particulier (diabète, asthme etc..) un bon pour la vaccination contre la grippe saisonnière. Cette commande est ainsi programmée d’une année sur l’autre.

 

Si d’aventure, le gouvernement avait donné l’AMM (autorisation de mise sur le marché) dès la production des différents vaccins contre le H1N1v, nul doute que personne ne  se serait vacciné contre la grippe saisonnière. Ce qui aurait constitué un gâchis considérable et une perte économique.

Je pense donc que c’est sciemment que le gouvernement a mis en sourdine sa communication sur le sujet dès fin août afin que la campagne de vaccination contre la grippe saisonnière puisse se faire comme chaque année.

 

Quant à l’organisation de la campagne de vaccination de masse, ayant cédé à certaines injonctions du Samu, cela a été dévolu au niveau civil, alors que lors de la menace « grippe aviaire » tout cela était confié à la rigueur militaire, seule à mon sens capable de faire face avec efficacité à une telle menace.

Si bien que à défaut d’organisation, nous avons aujourd’hui des actions désordonnées.

 

Dans cette organisation, les médecins généralistes ont été écartés immédiatement alors que lors de la menace aviaire, ils y étaient associés.

Cela est assez évident à y regarder de plus près.

En effet, il s’agit simplement de la notion même de la responsabilité prise lors de tout acte.

Si un généraliste doit injecter quelque chose il sera de toutes façons décideur de ce qu’il doit injecter !

Et bien évidemment, il aurait prescrit le vaccin fragmenté sans adjuvant pour le bénéfice de son patient en terme de tolérance.

 

Or n’oublions pas que le gouvernement et on ne sait pour quelles raisons vraies (une commission d’enquête parlementaire a été demandée mais sans écho) avait déjà commandé 94 millions de doses vaccinales auprès de quatre laboratoires (Baxter® –Glaxo® – Novartis® et Sanofi Pasteur®). Or depuis Juillet, tout le monde sait qu’une seule dose suffit !

D’autre part, une vaccination de masse afin de minimiser les coûts pouvait justifier le conditionnement du vaccin en multi dose et c’est ce qui délibérément a été choisi. Cela est important à considérer car c’est l’argument massue que le gouvernement oppose aujourd’hui aux représentants des syndicats de généralistes pour ne pas les associer à la campagne de vaccination.

Or le conditionnement multi dose expose et on l’a vu récemment, à des erreurs (surdosage à l’injection) et aussi à un risque infectieux plus important de fait.

Cela étant au cas où le gouvernement viendrait à reconsidérer sa posture méprisante envers les médecins généralistes et de famille, en souhaitant les associer à la campagne de vaccination, au vu de la sacrée pagaïe actuelle, il se poserait toujours cette question de responsabilité de l’acte médical que j’évoquais supra. En tout état de cause, je pense que l’association des généralistes ne pourra se faire désormais sans cette exigence : le devoir et le droit de la prescription raisonnée comme lors de tout acte médical.

 

3. Vous avez effectivement pu entendre que des médecins s’opposaient à cette vaccination. Je dirais sans être méchant qu’il y a toujours eu dans notre corporation des « médecins » opposés à toute vaccination et qu’ils sont souvent  la  caution de mouvements sectaires existants. Et comme une tribune peut s’ouvrir alors ils enfoncent la brèche.

 

4. Pas assez de recul ?

Cette question n’a pas de sens et rappelons nous simplement que nous avons le même recul que lors de la mise sur le marché du vaccin contre la grippe saisonnière.

 

5. Effets secondaires ?

Oui mais ils sont inhérents à toute thérapeutique mais mathématiquement amplifiés en raison de la vaccination de masse (cf l’exemple de la campagne de vaccination contre l’hépatite B dans les années 90).

On pourrait limiter ce risque d’effets secondaires en ayant le choix de la prescription mais nous n’avons pas le choix vu que c’est le gouvernement qui décide de ce qu’il injecte.

Sachez que les pharmacies ne peuvent en commander et ce par ordre !

 

6. Par ailleurs et il faut le dire aussi, si nous n’avons que peu de chances d’être champions du monde de football, notre pays sera sans doute le champion du monde de cas recensés. Or il faut savoir que depuis juillet, il nous est impossible de savoir si il s’agit véritablement du variant H1N1v, les généralistes n’ayant pas le nécessaire en terme de dépistage rapide (TDR) et les laboratoires ayant eu ordre de ne pas effectuer les prélèvements, (cela étant dévolu aux seuls services hospitaliers dits d’urgence. Mais il faut savoir que  depuis deux ou trois semaines plutôt, les services hospitaliers seuls habilités par ordre gouvernemental à prélever ne le font plus !!!

Ce qui veut dire que tout ce qui ressemble à une grippe (fièvre et toux) est recensé comme H1N1v.

 

Mais ce que le gouvernement n’avait pas prévu dans sa logique comptable, est que l’épidémie surviendrait plus tôt qu’il ne l’espérait. D’où les empressements voire les avis de panique.

 

Tout cela étant, je pense, je crois et je le redis encore : ce virus est un virus particulier, très contaminant, moins agressif que l’on croyait mais « frappeur » de personnes jeunes et sans antécédents de fragilité.

Et tout naturellement je conseille fortement de se faire vacciner en se rappelant toujours des contre-indications possibles à toute vaccination.

C’est ainsi que je pense que tout antécédent d’ordre dysimmunitaire doit faire réfléchir sur la balance « bénéfice risque ».

Et vous concernant, je vous aurais prescrit (si le gouvernement avait consenti aux  médecins généralistes le droit de prescrire) le vaccin fragmenté sans adjuvant.

 

En conclusion il faut mesurer la balance « bénéfice- risque » et en toute sincérité mais aussi en toute conscience je préconise à chacun de se faire vacciner.

 

J’espère avoir répondu à vos interrogations) et vous remercie encore de votre confiance en vous souvenant de votre ancien médecin de famille.

 

Je vous transmets en pièce jointe un article paru dans la revue Prescrire® (revue indépendante de l’industrie pharmaceutique) du mois de novembre.

 

A Lyon ce 4 décembre

 

Jean-Claude Joseph

www.jcjos.com

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