J'ai bien le sentiment que l'on découvre la lune ou alors avoir le problème sur le bout du nez pour y réfléchir.
Ce sujet aujourd’hui d’une acuité rare n’est pas récent bien au contraire !
Tout cela a démarré dans les années 88-90 avec l'assujettissement voulu et bien mesuré des politiques de l'époque à certains conseillers auto-proclamés d’alors et également d’aujourd’hui.
Notre pays est in fine le seul au monde à garder en place des gens qui ont failli, qui se sont trompés mais qui gardent leurs prérogatives, avantages et émoluments.
Reprenez les articles d'alors, les pseudo analyses des conseillers de Mitterrand (Minc et Attali entre autres) : tout y est écrit !
Il suffisait d’exercer du sens critique et d’aller plus loin, au moins à une génération dans la Réflexion !
J’ai souvent eu l’occasion de débattre de ce sujet complexe et si large !
Jeunes médecins trentenaires à peine installés nous savions que les dispositions prévues allaient rendre notre système de distribution des soins bien étranger à ce que tout qui avait été.
Ainsi, ces « responsables d’alors » préféraient soigner des colonnes de chiffres que de permettre de soigner des enfants, des femmes, des hommes. La fameuse Maitrise des dépenses de santé !
Nous avions réagi en 1989 au travers de la Coordination des Médicaux de la Région de Lyon (COMERLY) que j’avais créée, puis de la coordination nationale dont je fus le porte-parole.
Les syndicats dont j’ai déjà exprimé ce que j’en pensais ne pouvaient être qu’aux bottes de ceux qui les subventionnent.
Comment peut-on croire que ces syndicats puissent exister et fonctionner qu’avec les seules cotisations des adhérents ? Une première réforme s’impose de fait. Remettre en ordre le syndicalisme français qui n’est représentatif de rien, mais dont la capacité de nuisance est formidable.
J’avais déjà écrit à propos de la grève de la SeNeCeFe que tout cela n’était que jeu de dupes.
Notre système syndical est champion toute catégorie en Europe et outre-Atlantique de ce jeu de dupes avec ses partenaires indispensables : le patronat et le gouvernement gestionnaire de ces pseudo-joutes.
Peut-on imaginer un seul instant que ces syndicats puissent scier la branche sur laquelle ils sont si confortablement installés ?
Je parle évidemment des syndicats déclarés représentatifs sachant les critères de cette représentativité certes modifiés en 2008 (mais si légèrement)
On ne peut mettre sous le boisseau la volonté du général de Gaulle sur cette idée de paix sociale en s’appuyant alors sur les syndicats dont la représentativité est définie sur certains critères en vigueur dans le code du travail au nombre de 7 à partir de 2008.
Les 5 syndicats représentatifs au niveau national sont :
La Confédération française démocratique du travail (CFDT) : 26,77%,
La Confédération générale du travail (CGT) : 22,96,
La Confédération générale du travail-Force ouvrière (CGT-FO) : 15,24%,
La Confédération française de l’encadrement-Confédération générale des cadres (CFE-CGC) : 11,92%, La Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) : 9,5%.
Il faut savoir que la représentativité syndicale ne fait pas l’objet de vérification préalable, sauf s’il y a contestation de la part d’un autre syndicat.
On notera le critère de la notion d’expérience qui nécessite effectivement une forte visibilité et donc l’emploi de certaines formes de communication.
On soulignera aussi cet autre critère nécessaire à bénéficier de la représentativité : l’Influence !
Mais quelle influence quand le taux de syndicalisation en France est le plus bas de l’OCDE (Sources : OCDE : http://stats.oecd.org). En 2010 la France occupait le dernier rang avec 7.9% de syndiqués !
J’évoquerai à peine le financement des syndicats français dont nombre d’observateurs ont qualifié ce domaine caractérisé par une grande opacité .. Ainsi il semble n’exister aucun document de synthèse des ressources financières des organisations syndicales. Avec la loi de 2008 cela devrait peut-être changer (au vu de la nécessité de la transparence).
Il est dit également que certains financements seraient occultes.
Il est dit aussi que la France malgré son plus bas taux de syndiqués a le plus fort taux de permanents dont la rémunération doit couvrir ce qu’ils auraient perçus si ils avaient « travaillé »
Je crois qu’il ne faut pas avoir peur d’une réforme profonde du monde syndical.
Les syndicats me paraissent indispensables dans l’établissement d’un vrai dialogue social, d’une équité d’action entre patronat et employés. Il est fini le temps de la chaise du « patron » plus haute que celle de son employé !
Les syndicats ont un rôle majeur dans la défense de celles et ceux qui travaillent, qui se lèvent tôt comme aurait dit celui à l’épaule chevrotante.
Le patronat a aussi un rôle majeur dans le respect de ses employés. Sans eux qu’adviendrait-il de lui ?
Et l’Etat doit être le garant de cette nouvelle conception du monde du travail, où chacun se respecterait et aussi respecterait les « usagers » victimes trop souvent de ce jeu de dupes tripartite.
Et n’oublions pas que nous sommes entrés dans une autre guerre, bien sûr avec ce qui se passe en Ukraine, mais aussi de par les conséquences du dérèglement climatique avec une de mes préoccupations majeures dont on ne parle que peu : les conséquences de l’amincissement étonnant du Gulf Stream dont les conséquences seront catastrophiques pour l’humanité toute entière, et plus près de nous, cette guerre sanitaire comme l’avait souligné Emmanuel Macron dans son allocution du 12 mars si théâtrale indiquant un confinement sévère le mardi 17 mars, mais autorisant que les élections municipales soient organisées le dimanche 15 mars ! Incohérence profonde !
Les moyens de rendre nos enfants plus instruits que leurs parents, l’esprit critique de ces élèves et autres moins jeunes a tendance à se réduire fortement. Comment ne pas faire une analogie avec toutes celles et ceux qui ont cru et véhiculé avec force persuasion les délires de certains « appelés » complotistes, s’agissant du Sars Cov2, du vaccin etc...?
Pour s’excuser de la dérive organisée depuis trente ans de notre système de distribution des soins, on évoque avec persuasion le fameux désert médical !
Bien sûr chacun pense d’abord aux campagnes !
Mais qui a déserté ces campagnes ?
Qui a retiré de ces endroits les services publics utiles et nécessaires ?
Qui a supprimé les petites gares ?
On y trouve heureusement mais pas toujours encore une école primaire.
Mais quid de l’après ? Ainsi l’élève va devoir s’exiler en internat dès le collège !
Est-ce bien ?
J’ai vécu une partie de ma scolarité en internat (militaire de surcroît) et j’en garde d’excellents souvenirs, mais franchement jamais je n’aurais souhaité y faire admettre mes enfants dès ce jeune âge !
Les internes de médecine générale sont dans une protestation légitime du refus d’exercer une année supplémentaire dans ces « déserts médicaux en campagne ».
Comment accepter qu’ils devraient y passer un an (dans des zones où il n’y a plus rien !) en compagnie d’un maitre de stage dit universitaire (quand il n’y en a si peu de formés – je fais partie de ce pool de maitre de stage universitaire, titre bien pompeux qui ne signifie rien, puisqu’il n’y a aucun cahier des charges, ni missions imparties, et puis on ne peut dire que l’Université nous estime beaucoup)
Ces jeunes médecins n’ont-ils pas le droit d’avoir une vie également sociale ?
Nombre d’entre eux sont en couple et déjà parents ! Que peuvent-ils espérer comme vie pour eux, pour leurs enfants ?
Que l’Etat et son président avant de dire tant de propos faciles, réinvestissent d’abord et en services publics en particulier, ces zones où il n’y a plus rien !
Mais on s’aperçoit (cela a été indiqué dans une étude de l’INSEE, il y a 4 ou 5 ans) qu’il existe un professionnel de santé à moins de 20 mn du domicile de chaque assuré social.
Vous avez dit désert médical.
Ce qui fait le désert est que de nombreux médecins disent « qu’ils ne prennent plus de nouveaux patients ! »
Ce qui fait le désert est qu’il est désormais impossible de reprendre un cabinet puisque ne répondant plus aux nouvelles dispositions des ERP.
Et puis la façon de gérer l’agenda du médecin a changé.
Nombreux étaient les médecins de famille qui comme moi ne consultent pas sur rendez-vous.
J’ai toujours estimé que lorsqu’on est souffrant, il est nécessaire de pouvoir consulter au plus tôt !
La salle d’attente se remplit et mon rôle, ma mission, mon devoir est de les consulter. Certes le temps d’attente peut être parfois très long : entre une et deux heures. Mais ils seront tous examinés.
Il n’est guère faux de dire que souvent mes journées se terminent vers 21 heures, 22 heures !
Cela est juste ma façon de voir les choses et d’assumer cela et je ne m’en suis jamais plaint !
Mais comme me l’a indiqué une jeune consœur (oubliant d’ailleurs les usages de présentation et de politesse) lors d’un choix de garde, « il est hors de question de faire comme vous , les dinosaures, les boomers, je veux avoir une vie et je travaille à mi-temps !»
Cette génération est celle des 35 heures, du temps libre (n’oublions pas ce fameux-fumeux ministère du temps libre mis en place par Mitterrand en 1981 et dont le ministre était Nicole Questiaux !)
Cette génération est aussi une génération qui s’est très féminisée (on évoque plus de 70% d’étudiantes en médecine dans nos facultés) et très rapidement.
Un rapport récent de la DREES indique une féminisation de la profession à hauteur de plus de 50 % en médecine générale. Il est dit également que dans les facultés de médecine ce taux de féminisation atteint 80%.
Il y a donc une évolution à prendre en compte ;
Est-il politiquement incorrect de dire que nombre de ces médecins de sexe féminin, s’associent à deux ou trois et se partagent le temps de présence au cabinet, ce qui implique naturellement une activité moindre pour chacune d’entre elles.
Est-il politiquement incorrect de dire que la priorité d’une femme médecin restera d’abord ses enfants et le temps qu’elle leur accordera !
Est-il politiquement correct de dire que la médecine générale n'a plus d'attrait (on le mesure lors des résultats de l'ECN) et que certains redoublent pour être mieux classés et choisir alors une spécialité ?
Est-il politiquement correct de dire qu'il y a plus de médecins formés, mais qu'il y en a moins qui s'installent en exercice libéral ?
Est-il politiquement correct de dire que suite à la réforme fiscale engagée par le président précédent, il n'est guère conseillé de travailler plus, donc de gagner plus puisque in fine le professionnel en aura moins dans sa poche ? N'est-ce pas un conseil donné par les comptables de limiter son activité ?
Je disais que l’agenda du médecin avait changé !
Un phénomène dont on ne mesure pas vraiment l’incidence fâcheuse sur les difficultés d’accès aux médecins est l’existence de ces sociétés de gestion des agendas des praticiens (la plus connue étant celle qui commence par un d et se finit par un b).
J’ai été très en colère quand l’Etat a fait appel à cette société, dont le but est évidemment le seul profit, pour la prise de rendez-vous pour la vaccination.
Ainsi désormais les agendas des médecins sont régis par ces sociétés et selon l’estimation du temps de consultation indiqué lors de l’adhésion à cette société (en général une demi-heure).
Il est évident que le nombre de patients sera moindre chaque jour, d’où des rendez-vous à plusieurs jours, voire semaines ou mois pour les médecins de spécialité.
Et c’est ainsi que l’on peut entendre régulièrement cette phrase monstrueuse « je ne prends plus de nouveaux patients ».
Or le nombre de médecins formés a augmenté mais ils ne s’installent pas forcément préférant une activité salariée.
Cette petite phrase mériterait une analyse critique.
Le nombre de patients ne cessera d’augmenter mais comment pourraient-ils consulter s’il leur est répondu cela.
L’autre impact de ces sociétés de gestion des agendas est qu’il est devenu extrêmement difficile aux patients, de joindre facilement leur médecin au téléphone pour un conseil ou quelque autre question. Une certaine deshumanisation s’est installée.
Je crois fermement que c’est le médecin qui doit être le seul maitre de son agenda.
De nombreux médecins de ma génération ont déjà pris leur retraite. Mais personne ne pourra reprendre leur cabinet et suivre leur patientèle !
On sait depuis très longtemps qu’une clientèle n’a plus de valeur « marchande » (sauf pour les juges et avocats dans les procédures de divorce, permettant ainsi de spolier davantage le concerné).
En effet, il faut savoir que le cabinet de ces médecins en âge de la retraite, ne peuvent céder leur cabinet, souvent situé dans des appartements ayant perdu de fait leur fonction de logement puisque devenu et sur décision administrative un local professionnel).
En effet une loi sur les ERP (établissement recevant du public) édictée en 2005 a intégré les cabinets médicaux en 5eme catégorie avec la nécessité de respecter de nouvelles normes.
C’est ainsi que de nombreux cabinets (et le mien prochainement quand je déciderai de partir enfin à la retraite), ne pourront être occupés par un jeune médecin pour y exercer son art, et suivre la patientèle existante.
Je n’évoque même plus le prix des loyers souvent exorbitants dans les grandes villes. Ne dit-on pas Paris est désormais le grand « désert médical » ?
C’est alors que l’on mesure l’intérêt croissant et forcé des ARS et de la CNAMTS pour promouvoir la mise en place de « maisons pluridisciplinaires de santé », moyennant bien sûr une indemnisation financière : on évoque un chiffre de 36 000 euros de subvention pour la structure).
N’est-ce pas une porte largement ouverte aux profits des sociétés immobilières qui loueront les locaux et qui déjà, pour certains recrutent des professionnels. L’exercice serait ainsi d’ordre salarié.
Il semble bien que nos jeunes confrères, consœurs acceptent cette idée car cela leur permettrait d’avoir un certain temps libre et de ne pas avoir la vie de leurs prédécesseurs, les dinosaures, les boomers comme ils disent.
Cela étant, le médecin de famille, l’accompagnant, le confident ne sera plus, il ne sera plus qu’un médecin traitant administré, interchangeable et ne traitant que de dossiers et pour un seul symptôme.
Je ne sais si cela sera bien mais comme je le dis souvent « la médecine de papa » est terminée.
Autre chose qui ne suscite guère de commentaires et mis en place par ce fameux Ségur de la Santé qui s’est plus soucié des services hospitaliers et de leurs salariés par une prime misérable que des libéraux, et qui va transformer considérablement la relation médicale, ce fameux colloque singulier.
Je veux parler de l’ordonnance numérique (je mets en copie le texte référencé par la Caisse nationale d’assurance maladie : source site Ameli).
« Lors de la consultation, rien ne change. Le médecin :
- rédige la prescription à partir de son logiciel d’aide à la prescription (LAP) et elle est enregistrée dans la base e-prescription ;
- imprime l’ordonnance papier avec un QR code, la signe et la remet au patient ;
- enregistre l’ordonnance numérique dans le DMP du patient facilement, depuis son logiciel métier et le patient peut ainsi la retrouver dans son profil Mon espace santé.
En sortie de consultation :
- le patient présente l’ordonnance papier (1) avec le QR code chez le prescrit de son choix - si le prescrit est équipé, il lit la prescription présente dans la base de données directement via son logiciel à partir du QR code qu’il a scanné, exécute les actes et les enregistre dans la base.
- Si le pharmacien est équipé d’un logiciel référencé Ségur, il peut lire l’ordonnance directement à partir du QR code. Les informations de prescription, alimentées par le prescripteur dans la base de données, sont directement consultables dans le logiciel de gestion d’officine.
- En retour, les données de délivrance sont également enregistrées dans la base de données et peuvent, avec l’accord du patient (l’éventuelle opposition du patient à cette consultation est recueillie par le prescripteur), être consultées par le médecin prescripteur.
Il fallait, je crois alimenter et surtout faire en sorte que le « fameux dossier médical informatisé » (imaginé en 2002) et validé par la loi du 13 aout 2004, instituant d’ailleurs le médecin traitant administré et ce qui a été appelé « le parcours de soins ».
Mais faute du bon codage de l’acte, le patient mis ainsi hors parcours, la caisse diminue fortement le remboursement de l’acte et puis aussi ne constatons-nous pas le nombre édifiant de patients qui ayant pourtant déclaré un médecin traitant voient brutalement la perte de l'indication d'un médecin traitant déclaré, et constater leur remboursement diminué.
Ce dossier médical informatisé s’appelle désormais le DMP (Dossier médical partagé).
Ce fut très longtemps un très long serpent de mer avec un coût considérable, souligné par la Cour des Comptes, évoquant même le terme de gabegie !
Récemment la caisse d’assurance maladie a mis en place « Mon Espace Santé ».
Le médecin en utilisant son logiciel conforme Ségur alimentera ainsi tant le DMP que « mon espace santé ». I
Il lui est imposé d’avoir un logiciel métier référencé Ségur !
Le calendrier est déjà fixé :
Les médecins ont dû notifier à la CNAMTS qu’ils avaient commandé ce logiciel et ce avant la fin du mois de novembre 2022.
Je m’y soumets mais de fait cela m’oblige à changer de logiciel métier afin d’adapter les normes dites Ségur.
Mais avions-nous vraiment le choix de dire non ?
Ne sommes-nous pas dans le même cas d’espèce que ce qui s’est passé avec le ROSP (cette sorte de carotte sonnante et trébuchante ?) où le refus était pratiquement impossible vu le délai extrêmement court pour le faire. Et puis in fine la rémunération a calmé les hésitations des médecins.
Personnellement je n’ai pas eu le temps de refuser cette mesure (nous avions à peine une semaine pour notifier ce refus vers mi-décembre et il fallait le faire par écrit). Mais la rémunération que je peux recevoir, me gêne car j’estime juste faire mon « travail »
Dès janvier, les premières ordonnances numériques vont voir le jour puis progressivement avec un pic espéré vers Avril.
Enfin le déploiement devrait s’achever en 2024 !
Il est précisé qu’il y aura peu de changement pour le patient.
Je crains fort que comme d’autres pays qui utilisent cette technique comme le firent d’ailleurs les restaurateurs lors de la crise de la Covid 19, le QR code ne remplace un jour et une fois pour toute, l’ordonnance classique. Malheur également à celles et ceux qui aiment écrire leur ordonnance à la main. J’ai l’habitude comme le faisaient les vieux médecins de toujours commencer mon ordonnance par des conseils en rapport avec la pathologie et la prescription. Est-ce qu’il sera possible de continuer cette façon de faire ?
Nul doute qu’il faudra que les patients s’équipent d’un téléphone de dernière génération permettant la lecture du QR Code : Reste A Charge supplémentaire et induit de manière obligée et en corollaire un Reste A Vivre diminué d’autant !
Si cela est alors, pourquoi, ne pas s’inspirer du président Valéry GISCARD D’ESTAING qui lors de sa volonté d’équiper tous les foyers français du téléphone, puis plus tard du minitel, offrit à chaque foyer, et l’installation et l’appareil que l’on pouvait d’ailleurs changer régulièrement sans bourse délier ?
Je disais dans un article précédent s’agissant de la délégation des taches administratives vers la dématérialisation qu’il aurait été judicieux que l’Etat distribue également à chaque contribuable l’équipement nécessaire. (L’Union Indienne a ainsi distribué un équipement certes minimal, mais avec le nécessaire et notamment un accès internet gratuit dans chaque village !)
Mais ô tempora ô mores !
Ne faut-il pas que les profits de certains progressent oubliant l’intérêt général ?
En quarante ans une logique a été poursuivie malgré les diverses alternances.
Mise en œuvre du démantèlement des laboratoires français, destruction du caractère hospitalier de nos hôpitaux pour en faire des EPIC. « Les ministres passent mais l’Administration reste ! »
Une route a été définie et ce il y a près de 40 ans pour aboutir au « coût par pathologie » !
Cela peut paraitre d’intérêt pour les économistes, mais c’est oublier que la médecine ne peut être réduite à cela, que la prise en soins ne peut se réduire à soigner des colonnes de chiffres !
La loi du 13 Août 2004 a marqué un changement de gouvernance.
Le tripartisme d’alors (Syndicats des salariés, Syndicats des médecins, Patronat), la négociation conventionnelle précédant l’adoption de la convention négociée par la loi (modifié par Balladur mettant en place la « validation législative préventive » en 1994 et ce dans le vaste fourre-tout que représentent les DDOS votées à la fin du mois de décembre !
L’UNCAM a été créée et son directeur nommé avant même que cela soit adopté par la loi.
Ce directeur est resté en place 10 ans malgré les alternances dont celle de gauche. La politique suivie a donc été forcément la même. « Les ministres passent, la Haute Administration reste ! »
Ainsi les ARS dont la pigiste Bachelot n'ose dire qu'elle était ministre à sa création (loi HPST), et que dire de la T2A (tarification à l'activité) qui par simple logique comptable, ne peut être d’intérêt pour les services hospitaliers. Les services d’urgence hospitaliers annoncent régulièrement qu’ils sont saturés mais ne peuvent-ils limiter par une meilleure régulation (comme dans les années 80), leur activité renvoyant vers les services de PDSA libéraux (qui existent et sur Lyon notamment, ne fus-je pas l’un des fondateurs de ces maisons ?) ce qui ne relève pas de l’urgence véritable.
Je ne cautionne pas la grève de certains médecins, nombreux dit-on, sans pour autant avoir les chiffres des cabinets fermés pour cause de grève et non pour cause de vacances d’hiver.
La situation actuelle de notre système de distribution des soins notamment en ville, en médecine libérale est préoccupante, très préoccupante !
Le taux de Burn Out à la vraie définition (https://www.mgfrance.org/images/utilitaires-medicaux/test-maslach_burn-out.htm ) est effrayant, le nombre de suicides est édifiant (on dit que le nombre de suicides des médecins vers la cinquantaine est le plus élevé). J’ose révéler que j’ai vécu cela (sauvé in extremis)
Il eût mieux valu faire une grève administrative dure..
1. Pas d’utilisation de la carte vitale et donc aucune télétransmission ..
2. Retour au papier pour tout y compris pour les ordonnances afin que les pharmaciens gardent cette capacité extraordinaire de lecture des écritures des praticiens
3. Autres actions possibles :
- Puisqu’il nous est reproché sans cesse de prescrire trop d’arrêts de travail et bien, renvoyer le patient vers le médecin conseil avec une petite lettre évoquant la symptomatologie présentée par le patient afin qu’il définisse lui-même la durée de l’arrêt de travail,
- De même renvoyer le patient vers le médecin conseil pour qu’il remplisse correctement (vu que l’on nous reproche de mal le faire) les protocoles de soins pour l’accord d’une affection longue durée,
- Et puis aussi, de renvoyer les dossiers mdph (8 pages à remplir pour le certificat médical au lieu de 4, il y a quelques années) au médecin salarié de ces structures.
Je suis persuadé que cette action aurait été suivie massivement par l’ensemble des médecins qui l’aurait trouvée plaisante, ne nuisant pas à la prise en soins de leurs patients mais qui aurait fortement déstabilisé Dame sécu !
Le risque serait bien sûr que la sécurité sociale ait un retard sur le remboursement et leurs réponses. Il y a naturellement moyen de s’en plaindre tout en respectant la procédure (https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/R53718). Et ce serait l’occasion de mettre en place les «class actions».
J’imagine le désordre administratif que cela provoquerait, j’imagine la colère grandissante des patients alors lésés par l’Etat.
Je suis persuadé qu’en à peine 15 quinze jours, les doléances, les interrogations sur la raison d’être du professionnel de santé, la mission première d’exercer le soin auraient été très vite prises en compte.
Oser demander une augmentation des honoraires et exiger 50 euros pour la consultation est pour moi une exigence indécente.
Ne sommes-nous pas en période de crise, d’une crise dont aucun expert ne peut dire l’importance qu’elle aura dans la vie quotidienne de nos concitoyens, ni en prévoir sa durée et ses conséquences.
Déjà, nombreux sont celles et ceux que je consulte, qui après le 20ème jour du mois n’ont plus rien. Est-ce acceptable ?
Comment des médecins peuvent-ils exiger pareille augmentation. Indécence ! Irresponsabilité !
L’argent n’est pas tout !
L’argent ne peut être un but en soi !
Nous avons cette chance inouïe d’avoir réalisé notre rêve de gosse.
A mes 8 ans après avoir lu les hommes en Blanc de André Soubiran, j’ai su que plus tard je serai médecin. Cela était pour moi évident ! Je ne mesurai pas la difficulté de ces études longues et certes difficiles.
Mais quand on a la passion de quelque chose, et bien on y arrive et on réussit puisque que par essence, on va s’en donner les moyens.
Quelle chance inouïe que de réaliser son rêve premier.
Et puis quand même, nous gagnons bien notre vie.
Sommes-nous à plaindre ? Vraiment ?
Et comme aurait dit l’autre à l’épaule chevrotante, travailler plus pour gagner plus reste quand même relativement logique.
Cette même consœur qui me traitait de dinosaure et de boomer me faisait remarquer qu’elle exerçait en équivalent temps plein. Enorme surprise que de constater un langage de salarié dans la bouche d’une « libérale » ; je n’ai pas tout saisi, ce langage m’étant quelque peu inconnu mais j’ai compris qu’elle exerçait à mi-temps partageant son bureau avec un autre médecin. L’un le matin, l’autre l’après-midi mais pas après 17 h. (il faut bien aller chercher les enfants à l’école). Effectivement on peut penser que de doubler le prix de la consultation permet de gagner autant qu’à temps plein !
Mais en avons-nous les moyens.
On dit qu’il y a un million de consultations chaque jour ce qui signifie 25 millions d’euros supplémentaires par jour et sur l’année soit plus de neuf milliards d’euros à trouver en plus !
Ainsi dans la réflexion à avoir sur les déserts médicaux, il faut prendre en compte la réalité de l’exercice particulier et nouveau des jeunes médecins, de la féminisation grandissante, de l'éclairage en terme de fiscalité et en corollaire l'augmentation des charges sociales obligatoires (CARMF et URSSAF), du coût exorbitant en grande ville des loyers, du peu d'attrait de la médecine générale et de son exercice libéral et aussi de ce que l’état doit faire pour redonner vie à nos campagnes.
J’attends de voir ce qui va être mis dans les fameux DDOS !
Je pense qu’il va y avoir quelque surprise.
Une époque se termine.
Puisse celle qui s’annonce produire aussi de beaux fruits !
Lyon ce 29 décembre 2022.
jcj