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Le blog de Jean-Claude JOSEPH

« Des publications de plus en plus nombreuses viennent confirmer que pratiquer des APS (trad : Activité Physique et Sportive) tout au long de la vie augmente l’espérance de vie en bonne santé, retarde la dépendance et constitue un complément thérapeutique efficace en luttant contre la sédentarité pour de nombreuses affections comme l’obésité et bien d’autres encore, sans oublier la prise en charge des sujets en situation d’handicap » résumait la semaine dernière un groupe de travail de l’Académie nationale de médecine conduit par le professeur Jacques Bazex. » in JIM 06-11-2012. (Lecture de l’article in extenso infra)

 

Bien et après ?

Que les municipalités comme autrefois ouvrent déjà les installations publiques sportives le week-end  et créent ainsi  des emplois de moniteurs ou éducateurs formés pour éclairer les sportifs d’un jour ou d’un week-end.

Mais faire une activité sportive un jour par semaine est beaucoup plus nocif qu'une petite activité physique quotidienne comme la marche ou le jardinage pour les personnes âgées par exemple.. Ce qui importe c'est la récupération sociale de l'espace public et non des études que je qualifierai d'enfonçage de portes ouvertes. Combien cela a rapporté à leurs auteurs que de colliger des résultats déjà connus et publiés ?

Surtout que la sécurité sociale refusera par principe de rembourser les certificats médicaux dits facilement d'aptitude et qui devraient être en fait des visites médicales de non contre-indication à telle ou telle pratique.

J’ai toujours détesté ces petits documents remis par certains laboratoires où tout est déjà marqué et qu’il suffit de cocher. Quand je vois cela je suppose de fait qu’il n’y a pas eu d’examen spécifique et surtout quand est rajouté vite fait « apte 1ère ligne » pour des enfants de moins de 15 ans, moins de 17 ans, moins de 19 ans et que dire des joueurs évoluant en séniors ou chez les vétérans de plus de 35 ans lors de leur prise de licence. Il faut bien préciser que le médecin qui signe tel certificat est médicalement, juridiquement et pénalement responsable en cas de problème sérieux. Où en est-on de l’idée pertinente de faire un premier électrocardiogramme  pour tout licencié sportif à l’âge de 12 ans proposée par la fédération française de cardiologie ?

Je veux souligner ici  la préoccupation constante de la Fédération Française de Rugby  à ce sujet, celui de la santé des joueurs tant ceux de l’école de rugby que ceux évoluant en compétition à partir de 15 ans (Minimes) et de l’examen nécessaire de requalification en première ligne à proposer avant janvier pour pouvoir évoluer à quinze !

Sur le site de la FFR accessible facilement à tout médecin, tout est indiqué avec notamment les particularités de l’examen clinique au poste de première ligne, et que cela est d’ailleurs rapporté sur la demande de licence. Il suffit de lire les recommandations et conseils confraternels.

Il faudrait aussi qu'il y ait une vraie information sur les activités sportives. Combien de certificats dont on devine qu’ils ont été signés vite fait sur le bord d'une table, ce qui laisse supposer qu’il n’y a pas eu de véritable examen clinique notamment une auscultation pour s’enquérir dès le plus jeune âge d’anomalies toujours possibles.

Mais comment faire changer ces pratiques de facilité et disons-le de complaisance quand on n’ose point dire qu’il faut payer et que ce ne sera pas remboursé.

Alors... Plus qu'une sorte de Vidal* dont le nom commercial est d’ailleurs déposé comme marque, il eût mieux valu faire un sorte de dictionnaire des diverses activités sportives avec leurs spécificités si elles existent et les examens cliniques nécessaires et utiles en tenant compte de chaque âge de pratique. Et puis indiquer une vraie prise en charge de cette visite médicale de non contre-indication qui sera de toutes façons rentable à terme puisqu’un vrai « cahier des charges » pourrait alors être exigé.

Ce serait à mon sens du gagnant-gagnant pour la santé de nos concitoyens, bien sûr à moyen et long terme et puis créer de l’emploi pour resocialiser l’espace public les week-ends serait de toutes façons rentable au bout de deux ou trois ans pour notre sécurité sociale si elle reste basée sur des cotisations et même si elle est financée par la CSG (choix de l’équité et juste).

Mais voilà il ne faut pas rester les yeux fixés sur  les courbes d’activités, de dépenses ou d’évolution des dépenses mois par mois et même année par année. La santé ou du moins se garder en meilleure santé le plus longtemps possible est un pari d’avenir dont on verra les fruits 20 à 30 ans plus tard. Evidement les initiateurs ne seront sans doute plus en fonction pour inaugurer les chrysanthèmes. Voyons loin pour notre pays et ne pensons pas à notre propre espace politique, personnel ou professionnel.

La santé de nos concitoyens  vaut bien cela.

Donc à quand le changement dans la vision de cette véritable  politique de prévention primaire qui passe par ce que l’on nomme de manière théorique l’éducation sanitaire qui devrait commencer le plus tôt possible ? Le dépistage étant par définition la prévention secondaire !

Ainsi trois propositions :

  1. 1.       Plutôt que de jolis domaines sportifs enfermés dans leurs grillages ou des MJC fermées les jours où on aimerait bien y aller (lors des week-ends et lors des  vacances),

Ouvrons- les et créons ainsi de l’emploi véritable  en resocialisant l’espace public !

Ainsi nos concitoyens prendraient plus souvent l’air, s’exposeraient davantage au soleil et pourrait ainsi métaboliser leur vitamine D. Il semble que plus de 50% des français soient carencés en vitamine D par manque d’exposition.  Et oui puisque tout se fait enfermé chez soi et entre soi !

  1. 2.       Mise au point d’une sorte de dictionnaire des différentes activités sportives et physiques avec leurs spécificités cliniques et ce en fonction de l’âge consultables en ligne sur le site de la sécurité sociale.

L’enfant n’est pas un adulte en miniature ! (op. cit CM de la FFR) et la personne âgée a aussi ses particularités et des adaptations nécessaires. Enfin, toute personne qui pratique une activité physique et a fortiori sportive devrait être respectée en l’examinant un minimum.

  1. 3.       Cela suppose alors une vraie prise en charge publique de cet examen de prévention avec un véritable cahier des charges à respecter. (sorte de livret d’activités physiques qui pourrait bien sûr être rempli en ligne ou intégré au logiciel médical utilisé. Voilà un objectif que notre chère Sécu pourrait mettre en place en six mois sur son site Ameli.fr.

Alors plutôt que d’enfoncer des portes déjà ouvertes avançons et "faisons" plutôt que de ne cesser de dire et d'écrire ce qui a déjà été dit et écrit.

 

Jean-Claude JOSEPH

Spécialiste en médecine générale – Attesté en rhumatologie -  Diplômé de Gériatrie - Diplômé de Pathologie de Rugby

Médecin du club de Rugby EMS Bron XV et référent du comité départemental de rugby du Rhône.

 

Sources :

-          Articles rédigés par les commissions médicales de la Fédération Française de Rugby et de la Ligue Nationale de Rugby

-          Cours du Diplôme Universitaire de Pathologie de Rugby

-          Etudes statistiques réalisées sur 10 ans de vacations de médecine scolaires sur les bonnes attitudes de prévention (classes de grande section de Maternelle aux classes de terminales). Mes chiffres de 2005 concordent avec les récentes études publiées au sein de la Drees sur les comportements addictifs chez les adolescents et la prévention de l’obésité infantile.

-          Bilans de santé chez la personne âgée et prévention de la perte d’autonomie - thèse JC JOSEPH Lyon - 1985

 

 

Le sport sur ordonnance, c’est maintenant ?

Journal International de Médecine 06-11-2012.

Paris, le mardi 6 novembre 2012 – L’utilité de recommander une activité physique et sportive (APS) aux patients atteints de maladie chronique et plus généralement à tous sujets désireux de se maintenir en forme (et de prolonger leur vie) n’est pas neuve. Les études mettant en évidence les bienfaits de l'APS se sont en effet multipliées ces dernières années. « Des publications de plus en plus nombreuses viennent confirmer que pratiquer des APS tout au long de la vie augmente l’espérance de vie en bonne santé, retarde la dépendance et constitue un complément thérapeutique efficace en luttant contre la sédentarité pour de nombreuses affections comme l’obésité et bien d’autres encore, sans oublier la prise en charge des sujets en situation d’handicap » résumait la semaine dernière un groupe de travail de l’Académie nationale de médecine conduit par le professeur Jacques Bazex.

Des gains substantiels pour la Sécurité sociale

S’il s’agit d’un sujet récurent, rarement autant d’instances différentes aussi importantes avaient vu leur discours converger sur ce sujet en un laps de temps aussi court. Ces derniers mois, en effet, déclarations, recommandations et rapports se sont succédés en la matière. En mars, l’IMAPS une société affiliée à la Mutualité française dédiée à la pratique du « sport santé » rendait ainsi publics les résultats d’une étude évaluant le gain que pourrait tirer la Sécurité sociale d’un remboursement de l’APS. Elle avait ainsi estimé que l’Assurance maladie pourrait économiser 56,2 millions d’euros par an si elle finançait à hauteur de 150 euros par an une APS adaptée à 10 % des patients relevant du système ALD.

Etablir une sorte de "Vidal" des disciplines sportives

Cet été, lors des Jeux Olympiques de Londres, ce fut au tour du Président de la République, François Hollande de se déclarer très favorable à l’idée d’une prescription médicale du sport. Quelques semaines plus tard, les ministres de la Santé et des Sports, Marisol Touraine et le docteur Valérie Fourneyron, dévoilaient en conseil des ministres les contours d’une nouvelle politique publique baptisée « Sport Santé Bien être ». L’objectif de ce programme est « d’accroître le recours aux thérapeutiques non médicamenteuses et de développer la recommandation des activités physiques et sportives par les médecins et les autres professionnels de santé ». Pour ce faire une feuille de route assez précise a été établie par les deux ministres qui passe tout d’abord par l’établissement d’une « sorte de "Vidal" des disciplines sportives » pour reprendre l’expression d’Alain Calmat, président de la commission médicale du Comité national olympique et sportif (CNOSF) étroitement associé à cette nouvelle politique. Par ailleurs, deux axes prioritaires ont été définis. Le premier concerne le grand public : il s’agira de faciliter l’accès aux installations sportives, de renforcer la pratique du sport à l’école, à l’université et au sein des entreprises ou encore de sensibiliser aux bienfaits de l’activité physique. Le second vise les « publics à besoins particuliers ».

Il serait sage de faire du sport

Après la Mutualité, le Président de la République et les ministres, ce fut au tour la semaine dernière de l’Académie de médecine de s’emparer du sujet. Un rapport à parraître dirigé par Jacques Bazex plaide ainsi en faveur d’une « organisation nouvelle impliquant les pouvoirs publics pour guider nos concitoyens vers une pratique si bénéfique pour l’organisme, voire incontournable pour le bien être de chacun ». Très clairement, l’Académie souhaite que l’APS puisse être prescrite sur ordonnance « selon les règles de toute prescription médicamenteuse » et remboursée par la Sécurité sociale.

Expérimentation à Strasbourg

Enfin, après toutes ces recommandations et préconisations, le temps de l’expérimentation semble déjà venu. A Strasbourg, un projet pilote a été récemment mis en place (auquel participe pour l’heure une cinquantaine de médecins) qui s’adresse pour l’heure aux patients souffrant d’obésité, de diabète de type 2 ou de maladies cardiovasculaires. A ces patients, les praticiens pourront prescrire une APS. Cette ordonnance permettra aux patients de « consulter » un éducateur sportif de la ville qui pourra les conseiller, voire les accompagner dans leur pratique. Un accès gratuit aux vélos de la ville, à la piscine, ou encore à certains équipements de gymnastique sera également aménagé. Dans un an, les résultats de ce dispositif seront évalués. « Je suis tout à fait persuadé qu’ils sont bénéfiques » prédit le président du régime local d'assurance maladie d’Alsace Moselle, Daniel Lorthiois.

L’Académie et le ministre des Sports sur la même ligne (de départ)

Ces différents messages sont destinés à répondre à plusieurs constats plutôt inquiétants. Et tout d’abord au fait qu’aujourd’hui les Français présentent une « désaffection » importante, selon le mot de l’Académie de médecine pour l’activité physique. « Cinquante pour cent des Français restent éloignés de toutes pratiques » avait ainsi résumé Valérie Fourneyron en octobre interrogée par le site du Nouvel Observateur. Il s’agit également par ces appels répétés d’encourager les médecins à mettre en place des recommandations "opposables" et de ne plus se contenter de simples conseils très rarement suivis d’effets. L’Académie de médecine estime ainsi que les praticiens doivent « proposer des conférences de consensus et en surveiller leur application », une orientation qui est également celle de Valérie Fourneyron.

Effet dose du sport

Mais ces discours ne sont pas sans comporter quelques écueils. Il ne faudrait tout d’abord pas oublier que le sport, à l’instar de n’importe quelle autre thérapeutique, peut également avoir des effets secondaires et des contre-indications. L’Académie de médecine n’a de cesse de le rappeler en faisant la promotion de la règle des trois R (comme Régulière, Raisonnée, Raisonnable) qui seule permettra de conserver les bénéfices du sport sans devoir redouter ses complications. Le ministre des Sports en est également parfaitement conscient qui répète fréquemment. « Le sport fonctionne comme un effet dose. Quand il y a surentraînement, on est dans des pathologies de surutilisation mais quand il n’y a pas d’activité, il y a les risques de la sédentarité ».

Un discours qui plaira peut-être trop aux anti-médicaments

Si les sages sont parfaitement conscients que le sport ne saurait être considéré comme une solution miracle, cet aspect échappe peut-être à ceux qui y voient déjà un substitut aux médicaments. On a ainsi entendu à plusieurs reprises ces derniers jours (et même dans la bouche du ministre des Sports) une opposition tranchée entre médicaments et sport, évidemment très défavorable aux premiers, opposition qui pourrait être à terme dangereuse. Enfin, la question économique ne doit pas être éludée. Sur ce point, le ministre des Sports et de la Santé ont souvent répété que pour l’heure l’idée d’un remboursement de l’APS par la Sécurité sociale n’est pas à l’ordre du jour. Les deux ministres préfèrent tabler sur la participation des mutuelles (dont certaines prévoient déjà dans certains contrats un remboursement ou des bonus en cas d’affiliation à un club de gym) et des collectivités locales (comme à Strasbourg).

 

Aurélie Haroche

 

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