Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le blog de Jean-Claude JOSEPH

<< < 1 2

etats d'ame

Un téléphone qui sonne dans la nuit !  Départ précipité vers Paris ...
Impossible à ce jour d'y mettre des mots ... mais
 the God EC is here .. !
 numérisation0022
 
"My Father's Eyes"  …. Eric Clapton (Words and music)
 
Sailing down behind the sun,
Waiting for my prince to come.
Praying for the healing rain
To restore my soul again.
Just a toerag on the run.
How did I get here?
What have I done?
When will all my hopes arise?
How will I know him?
When I look in my father's eyes.
My father's eyes.
When I look in my father's eyes.
My father's eyes.

Then the light begins to shine
And I hear those ancient lullabies.
And as I watch this seedling grow,
Feel my heart start to overflow.
Where do I find the words to say?
How do I teach him?
What do we play?
Bit by bit, I've realized
That's when I need them,
That's when I need my father's eyes.
My father's eyes.
That's when I need my father's eyes.
My father's eyes.

Then the jagged edge appears
Through the distant clouds of tears.
I'm like a bridge that was washed away;
My foundations were made of clay.
As my soul slides down to die.
How could I lose him?
What did I try?
Bit by bit, I've realized
That he was here with me;
I looked into my father's eyes.
My father's eyes.
I looked into my father's eyes.
My father's eyes.

My father's eyes.
My father's eyes.
I looked into my father's eyes.
My father's eyes.
 
 
 

Voir les commentaires

Si la fête des mères a été imaginée et mise en place par le gouvernement de Vichy et son chef le maréchal Pétain pour promouvoir la famille et la devise "Travail - Famille - Patrie", la fête des pères est la conséquence du travail de lobbying du fabricant de briquets Flaminaire®.

Il est aussi très curieux que nombre de gouvernements ait cédé à des volontés commerciales comme interflora®, les cafés grand-mère® pour imposer d'autres fêtes (secrétaires,grand-mères) …

Il est tout aussi curieux que les gouvernements successifs aient continué l’usage de ces « fêtes ».

N’y a-t-il pas une réflexion à mener pour supprimer ces faux-semblants ?

Voir les commentaires

"Un nouveau pape est appelé  a waigner !"
« Awaigné ? Awaigné ? – Dwole de nom pour un pape ! Pourquoi pas Libellule ou Papillon ! »
Nombre de notre génération se souvient de cette gentille blague qui nous faisait bien rire et je ne peux m’empêcher de réagir ainsi aux petits commentaires qui surgissent çà et là depuis hier.
L’évènement est de taille pour les catholiques du monde entier !
Un premier évènement de taille et inconnu de mémoire d’hommes était survenu le 11 février 2013, avec la démission du pape Benoît XVI.
Les pronostics à l’annonce du conclave prochain allaient bon train.
J’avais écrit en réponse à quelques commentaires sur facebook,  qu’il serait intéressant de remarquer deux choses : le délai quant à l’élection du pape et l’origine géographique du pape nouvellement élu.
J’estimais en effet que si le délai était court et que si un pape issu de l’Amérique Latine était élu, le message à prendre en compte serait d’ordre politique.
 
Ce mardi 12 mars 2013, les cardinaux entraient en conclave. Le soir : fumée noire !
Mercredi 13 mars au matin : fumée noire !
Après l’épisode de la mouette bloquant la cheminée, une fumée blanche s’élevait en fin d’après-midi par la petite cheminée.
 
Le rituel « Habemus Papam » pouvait être prononcé.
Habemus-papam_carousel.jpg
Il n’a fallu que 30 heures pour élire le nouveau  pape, Monseigneur Jorge Mario Bergoglio, cardinal de Buenos Aires (Argentine).
Il animera l’Eglise Catholique, Apostolique et Romaine sous le nom de François.
SS Francois 1er
La référence à Saint François d’Assise  est rappelée de manière  un peu rapide comme une évidence. J'y vois personnellement une  référence à Saint François Xavier, l'évangélisateur, prêtre jésuite, missionnaire en Asie et en particulier à Goa et Cochin en Inde.  J’y vois aussi un clin d’œil vis-à-vis de la France qui n’ose plus revendiquer son titre élogieux de « fille aînée de l’Eglise ».
La formation jésuitique de Sa Sainteté le  Pape François est ainsi un message politique fort.
Maintenant qu’en attendre et qu’espérer ?
Je lis et entends çà et là des interrogations, des affirmations, des critiques. Il est assez drôle que les critiques s’expriment avant même que les premières actions du pape aient lieu. Mais c’est la loi du genre.
Les inquiétudes révélées par ces critiques témoignent à mon sens de l’importance de la place du catholicisme dans notre pays, que l’on soit chrétien ou pas, pratiquant ou pas.
Déjà quelques esprits soi-disant éclairés, exigent du pape nouvellement élu des réformes permettant le mariage des prêtres, une position favorable à l’avortement, l’euthanasie, au mariage dit pour tous sans oublier  la problématique du port du préservatif mis à l’index. Tout se mélange n’est-ce pas ?
Certains pensent que cette élection marquera  une rupture dans la conduite de l’Eglise, tournant ainsi le dos à l’œuvre des papes Jean-Paul  II et  Benoît XVI !
Je pense franchement le contraire !
Jean-Paul II a nommé cardinal Monseigneur Jorge Mario Bergoglio et certains experts de la chose catholique  l’avaient d’ailleurs surnommé lors de cette nomination : « wojtylien pur jus ».
Benoît XVI  (Joseph Ratzinger était le conseiller particulier de Jean-Paul  II) a été le continuateur de l’œuvre entamée par son prédécesseur et a poussé un peu plus loin la réflexion sur les dangers rencontrés par l’Eglise Catholique notamment dans le monde dit occidental. Cela n’a pas toujours plu comme en témoignent les réactions au fameux discours de Ratisbonne que je retranscris intégralement en annexe. Comme pour minimiser cette action préalable à la diffusion du message chrétien partout dans le monde, il est évoqué des problèmes internes de gouvernance de la curie romaine et toutes ces affaires de pédophilie, soi-disant étouffées mais qui pourtant ont toutes été mises aux tribunaux.
Ainsi un délai très court, un pape argentin, et qui plus est jésuite comme Saint François-Xavier!
L’un des premiers mots de Sa Sainteté le Pape François a été « Evangélisation ».
Je crois que nous allons effectivement vivre une période où l’Eglise Catholique, Apostolique et Romaine se donnera les moyens de l’Evangélisation, poursuivant ainsi ce qui avait été commencé par Jean-Paul II.
 
Il y a bien du sens politique dans cette nomination rapide et sud-américaine, comme si tout été déjà inscrit et naturel.
Devant quelque  expansion violente religieuse autre, l’Eglise a décidé de se donner des moyens pour diffuser et renforcer le message de l’Evangile. Tel est mon sentiment à ce jour !
Annexes
  
Saint François d'Assise, qui es-tu ?
 
Né à Assise (en Italie) en 1181, d'où l'appellation "François d'Assise", François est issu d'une famille riche. Il vit comme tous les jeunes de son âge et de son époque diverses expériences : les fêtes, les escapades et même la guerre durant laquelle il est fait prisonnier et souffre de maladie. Durant sa convalescence, il ressent une insatisfaction profonde face à la vie. Il cherche, il regarde autour de lui mais il reste sans réponse...

Un jour en écoutant un passage de l'Évangile, il lui vient une réponse à ce qu'il cherche : passer sa vie à aimer toute la création. Il transforme alors sa vie, il se fait pauvre, se soucie d'annoncer les messages de joie, d'espoir et d'amour contenus dans la Bible, et de porter la paix aux gens et à toute la Création. Il s'habille d'un vêtement gris et se ceint la taille d'un cordon. Il porte ainsi le vêtement du pauvre de son époque.

Toute sa vie, il fait la promotion de la solidarité aux pauvres, aux démunis, aux marginalisés. Il dénonce les injustices et s'oppose à toute appropriation. C'est dans la prière qu'il trouve toute sa force pour aimer et pour aider les autres. Un jour, il réalise que toute la Création forme une grande famille, une sorte de fraternité universelle. Il invite tous les humains à l'amour mutuel et au respect de notre mère la Terre, notre sœur la Lune, notre frère le Soleil...
 
Au terme de sa vie, il rédige ce qu'on appelle le "Cantique du frère Soleil" qui est l'aboutissement de ses enseignements sur le respect et l'amour que tous les humains doivent porter envers toutes les créatures de Dieu. Il rejoint ainsi les préoccupations de ceux et celles qui se soucient de la défense de la nature, des animaux et de l'environnement. C'est d'ailleurs pourquoi, en 1979, il est proclamé "patron des écologistes".
 
Après sa mort, l'Église le reconnaît comme "saint", c'est-à-dire comme un homme dont les vertus peuvent être un exemple pour tous : aimable, pacifique, pieux, humble, fraternel, juste. Depuis le 13ème siècle, des milliers d'hommes et de femmes (la famille franciscaine) suivent ses traces en se laissant inspirer par son style de vie.

Saint François-Xavier, Jésuite et missionnaire par Paul de Molliens
st FX
L’île de Shanguan, où François-Xavier meurt le 3 décembre 1552, est un îlot situé non loin de Hongkong, au large de cet empire de Chine où François, l’évangélisateur, ne put, de sa vie, pénétrer malgré son désir.
Cela fait plus de dix ans que François-Xavier s’est embarqué à Lisbonne avec le titre de "nonce apostolique" et la mission d’évangéliser les vastes territoires dispersés en Extrême-Orient, où le petit royaume portugais vient d’établir un vaste réseau de bases commerciales allant de Goa, en Inde, à Macassar en Indonésie.
François est un des "compagnons" de la première heure d’Ignace de Loyola, basque comme lui, étudiant comme lui et même avant lui, au collège Sainte-Barbe de la Sorbonne, à Paris. Le 15 août 1534, il est un de ceux qui, entraînés par Ignace, décident de prononcer les vœux religieux de pauvreté, chasteté et vie commune. C’est à Montmartre, le mont du martyre de Saint-Denis, lieu hautement symbolique, que les sept premiers compagnons acceptent de se placer sous l’action de l’Esprit-Saint pour aller porter “la lumière de la Vérité chez les infidèles”.
Il ne faudrait pas croire qu’une même origine basque et le moule du collège suffisent au rapprochement entre les deux hommes. Pendant plus de deux ans, des divergences notables opposent rudement le jeune et beau professeur de philosophie qu’est le Navarrais Xavier, à Ignace, étudiant sur le tard, aux allures de "clochard infirme", qui passe même pour un illuminé. Pour sceller leur engagement commun, il faudra sans doute plus que l’opiniâtreté d’Ignace : l’intervention de l’Esprit-Saint. En effet, la famille de François soutenait en Navarre le parti français, opposé aux Loyola tenants de la Maison d’Espagne dont était "Loyola en Guipuzcoa". Cadet de trois garçons, François ne pouvait être que clerc, et c’est tout naturellement qu’à dix-neuf ans il part étudier en Sorbonne. Pendant deux ans de cohabitation estudiantine, Xavier résiste aux entreprises de son nouveau condisciple. On prête à Polanco, le plus proche collaborateur d’Ignace, ce commentaire : "J’ai ouï-dire à notre grand mouleur d’hommes Ignace, que la plus rude pâte qu’il a oncques maniée, c’était au commencement ce jeune François-Xavier."
A dater du jour des vœux de Montmartre, la fidélité de François à ce qui sera un jour la Compagnie de Jésus sera totale, malgré les circonstances et l’éloignement. C’est ensemble que les compagnons avaient projeté un pèlerinage à Jérusalem. N’ayant pu dépasser Venise, il se retrouvèrent à Rome où ils se mettent à la disposition du pape. François, premier secrétaire du fondateur, participe à la rédaction des Constitutions.
Lorsque le roi du Portugal demande au pape des missionnaires pour évangéliser ses possessions asiatiques, Ignace, bon connaisseur des hommes, désigne Xavier : "C’est une entreprise pour vous." "Alors soit, me voici !", répond celui-ci. Avant de quitter pour toujours ses compagnons, François rédige ses vœux dans la Compagnie. En même temps, il approuve les Constitutions et vote par avance pour le futur "préposé général" dont il sollicite les conseils pour l’évangélisation en terre lointaine.
Son séjour à Lisbonne, dans l’attente du grand départ, est relativement court : huit mois seulement. Il y déploie son zèle apostolique, comme il l’a fait en Italie, au service de tous, auprès des gentilshommes de la cour, comme auprès des nombreux détenus juifs et musulmans en voie de "conversion" dans les geôles de l’Inquisition.
Il faut à l’expédition portugaise plus de treize mois pour contourner l’Afrique et atteindre Goa, sur la côte ouest de l’Inde. Désormais, François-Xavier ne recevra que cinq courriers de Rome. Les questions qu’il pose à son "préposé général" restent trois années avant de recevoir une réponse. C’est dire que, dans son action, Xavier ne peut compter que sur lui-même... et sur Dieu.
Dès son arrivée à Goa, le "nonce" qu’est François décide d’habiter à l’hôpital avec les pauvres et les indigents : "La vraie dignité, dit-il, consiste à laver son linge et faire bouillir son pot." François découvre l’immensité et la diversité du continent asiatique. Il prend ses distances par rapport aux colonisateurs qui visent à une domination commerciale et politique, et il met en œuvre une méthode personnelle d’évangélisation. Doué d’un charisme et d’une sensibilité hors du commun, ce "saint de l’amitié" se rend d’abord auprès des communautés récemment converties.
Dans le vaste continent indien alors dominé par l’Islam, ce sont surtout les parias, caste dont font partie les pêcheurs pauvres de la "Côte de la pêcherie", qui reçoivent une première évangélisation. Xavier les enseigne avec l’aide de quelques collaborateurs laïcs. Faute de prêtre, il organise des assemblées où l’on récite les prières, Credo, Pater, Ave Maria, dans la langue locale, le Tamoul. Ainsi, chacun peut participer et les réciter ensuite à la maison. Lorsqu’un prêtre passe, il baptise les récents convertis.
Des habitants de Goa à ceux de Cochin, de Trancore à ceux de Ceylan, Xavier ne semble remarquer que leur dénuement matériel et leur désarroi fondamental. Ces populations émeuvent sa charité, mais ne parlent pas à son intelligence. Il ne comprend pas leur religion : pour lui, ce sont des "adorateurs du diable". Il se heurte, par méconnaissance totale, aux pratiques des brahmanes. On lui propose d’aller vers la Malaisie et les Îles Moluques, mais il hésite à s’embarquer et ne prend la décision de partir qu’après une longue retraite. Ravivant la foi des rares communautés chrétiennes, François, labourant les mers, va à leur rencontre. Toujours fidèle à sa méthode, il supplie aussi la métropole de lui envoyer des compagnons pour évangéliser.
Les dernières années de François, de 1548 à 1552, seront pour lui l’occasion de découvrir la civilisation sino-japonaise fortement influencée par le bouddhisme. En 1548, Anjiro et deux autres Japonais sont solennellement baptisés à Goa. De son propre chef, quelque peu déçu de l’expérience indienne, et attiré par la haute civilisation chinoise, François décide de partir pour le Japon avec l’intention de lui présenter la foi au Christ. L’accueil des Japonais est mitigé, souvent bienveillant. François admire en eux le très haut niveau d’instruction, l’intérêt pour la science, l’amour de la vérité. Pourtant, malgré le bon vouloir de ce cher Antijo et de sa famille, nombreuses seront les incompréhensions.
Avec les deux compagnons jésuites qui l’accompagnent, François commence par apprendre le japonais. Armés de quelques rudiments de cette langue, ils rédigent un traité de la foi chrétienne qui leur sert d’introduction dans les nombreuses discussions qu’ils entendent avoir avec les moines bouddhistes et les notables féodaux de ce pays où le message chrétien était apporté pour la première fois. Les baptêmes ne seront pas nombreux, pas plus de sept cents. Cependant, un embryon de communauté chrétienne se forme autour d’un petit seigneur local ; communauté suffisamment fervente pour que la lumière de la foi survive aux persécutions contre les chrétiens.
Il part ensuite pour Shanghuan, aux portes de la Chine, et meurt loin de tous, sans autre assistance que celle du fidèle Antoine, un Chinois converti, ne sachant même plus parler sa langue d’origine, et d’un contrebandier portugais, Jacques Vaz.
Au cours de ces quatre dernières années, François ne fait que pressentir la nécessité de l’acculturation pour manifester l’universalité du message évangélique. Cette voie sera reprise quelques années plus tard par les successeurs jésuites de François-Xavier.
 
Texte intégral du discours de Benoît XVI à Ratisbonne

(RV- Dimanche 17 septembre 2006) Texte intégral des « souvenirs et réflexions » partagés par Benoît XVI dans son discours à l’Université de Ratisbonne, face aux représentants de la science : (Source La Croix)
 
«C’est pour moi un moment émouvant de me retrouver une fois encore à l’université et de pouvoir y tenir une fois encore une conférence. Mes pensées se retournent de même vers les belles années au cours desquelles, après une belle période à l’Institut supérieur de Freising, j’ai commencé mon activité académique comme enseignant à l’université de Bonn. C’était encore le temps – 1959 – de l’ancienne université. Pour les différentes chaires il n’y avait ni assistants, ni secrétaires, mais en revanche des rencontres directes avec les étudiants et avant tout des professeurs entre eux. Dans les salles des enseignants, on se rencontrait avant et après les cours. Les contacts avec les historiens, les philosophes, les philologues, et naturellement aussi entre les deux facultés de théologie étaient très vivants.

Chaque semestre avait lieu ce qu’on appelait un ‘Dies academicus’, au cours duquel les professeurs de toutes les facultés se présentaient devant les étudiants de l’ensemble de l’université : ainsi devenait possible une réelle expérience de l’Universitas. A travers toutes les spécialisations, qui nous laissent parfois muets les uns envers les autres, nous faisions l’expérience de former cependant un tout, et qu’en tout nous travaillions avec la même raison dans toutes ses dimensions, avec le sentiment que nous avions à assumer une responsabilité commune dans l’usage correcte de la raison – voilà ce que l’on pouvait vivre.

L’université était très fière de ses deux facultés de théologie. Il était clair qu’elles aussi, dans la mesure où elles s’interrogent sur la raison de la foi, accomplissent un travail qui appartient nécessairement au tout de l’‘Universitas scientiarum’, même si tous ne pouvaient pas partager la foi dont les théologiens s’efforcent de montrer qu’elle s’ordonne à la raison commune. Ce lien interne avec le cosmos de la raison ne fut pas dérangé le jour où l’on entendit un de nos collègues déclarer que dans notre université existait une chose remarquable : deux facultés qui s’occupent de quelque chose qui n’existe même pas – de Dieu. Qu’à l’encontre d’un scepticisme aussi radical, il demeure nécessaire et raisonnable de s’interroger sur Dieu avec la raison, cela restait indiscutable dans l’ensemble de l’université.

Tout cela m’est revenu à l’esprit lorsque récemment j’ai lu une partie du dialogue publié par le professeur Khoury (de Münster) entre l’empereur byzantin lettré Manuel II Paléologue et un savant persan dans le camp d’hiver d’Ankara en 1391, sur le christianisme et l’islam, et sur leur vérité respective. L’empereur a sans doute mis par écrit le dialogue pendant le siège de Constantinople entre 1394 et 1402. On peut comprendre ainsi que ses propres exposés soient restitués de façon bien plus explicite que les réponses du lettré persan. Le dialogue s’étend à tout le domaine de ce qui est écrit dans la Bible et dans le Coran au sujet de la foi ; il s’intéresse en particulier à l’image de Dieu et de l’homme, mais aussi au rapport nécessaire entre les « trois Lois » : Ancien Testament – Nouveau Testament – Coran. Dans mon exposé, je ne voudrais traiter que d’un seul aspect – au demeurant marginal dans la rédaction du dialogue –, un aspect en lien avec le thème foi et raison qui m’a fasciné et me sert d’introduction à mes réflexions sur ce thème.

Dans le 7e dialogue édité par le professeur Khoury (‘dialexis’, «controverse»), l’empereur en arrive parler du thème du ‘djihâd’ (guerre sainte). L’empereur savait certainement que dans la sourate 2, 256, il est écrit : «Pas de contrainte en matière de foi» – c’est l’une des sourates primitives datant de l’époque où Mohammed lui-même était privé de pouvoir et se trouvait menacé.

Mais l’empereur connaissait naturellement aussi les dispositions inscrites dans le Coran – d’une époque plus tardive – au sujet de la guerre sainte. Sans s’arrêter aux particularités, comme la différence de traitement entre « gens du Livre » et « incroyants », il s’adresse à son interlocuteur d’une manière étonnamment abrupte au sujet de la question centrale du rapport entre religion et contrainte. Il déclare : « Montre-moi donc ce que Mohammed a apporté de neuf, et alors tu ne trouveras sans doute rien que de mauvais et d’inhumain, par exemple le fait qu’il a prescrit que la foi qu’il prêchait, il fallait la répandre par le glaive. »

L’empereur intervient alors pour justifier pourquoi il est absurde de répandre la foi par la contrainte. Celle-ci est en contradiction avec la nature de Dieu et la nature de l’âme. « Dieu ne prend pas plaisir au sang, et ne pas agir raisonnablement (‘sunlogô’) est contraire à la nature de Dieu. La foi est un fruit de l’âme, non du corps. Donc si l’on veut amener quelqu’un à la foi, on doit user de la faculté de bien parler et de penser correctement, non de la contrainte et de la menace. Pour convaincre une âme raisonnable, on n’a besoin ni de son bras, ni d’un fouet pour frapper, ni d’aucun autre moyen avec lequel menacer quelqu’un de mort.»

La principale phrase dans cette argumentation contre la conversion par contrainte s’énonce donc ainsi : Ne pas agir selon la raison contredit la nature de Dieu. Le professeur Théodore Khoury, commente ainsi : pour l’empereur, «un Byzantin, nourri de la philosophie grecque, ce principe est évident. Pour la doctrine musulmane , Dieu est absolument transcendant, sa volonté n’est liée par aucune de nos catégories, fût-elle celle du raisonnable». Khoury cite à l’appui une étude du célèbre islamologue français R. Arnaldez, affirmant qu’«Ibn Hasm ira jusqu’à soutenir que Dieu n’est pas tenu par sa propre parole, et que rien ne l’oblige à nous révéler la vérité : s’Il le voulait, l’homme devrait être idolâtre» (1).

Ici s’effectue une bifurcation dans la compréhension de Dieu et dans la réalisation de la religion, qui nous interpelle directement aujourd’hui. Est-ce seulement grec, de penser qu’agir contre la raison est en contradiction avec la nature de Dieu, ou est-ce une vérité de toujours et en soi ? Je pense qu’en cet endroit devient visible l’accord profond entre ce qui est grec, au meilleur sens du terme, et la foi en Dieu fondée sur la Bible.

En référence au premier verset de la Genèse, Jean a ouvert le prologue de son Évangile avec la parole : ‘Au commencement était le Logos.’ C’est exactement le terme qu’emploie l’empereur : Dieu agit avec logos. Logos désigne à la fois la raison et la Parole – une raison qui est créatrice et peut se donner en participation, mais précisément comme raison. Jean nous a ainsi fait don de la parole ultime du concept biblique de Dieu, parole dans laquelle aboutissent tous les chemins, souvent difficiles et tortueux, de la foi biblique, et trouvent leur synthèse. Au commencement était le Logos, et le Logos est Dieu, nous dit l’évangéliste. La rencontre du message biblique et de la pensée grecque n’est pas un hasard. La vision de saint Paul à qui se fermèrent les chemins vers l’Asie et qui vit en songe au cours de la nuit un Macédonien et l’entendit l’appeler : ‘Viens à notre aide’ (Actes 16, 6-10) – cette vision peut être interprétée comme un condensé de la nécessaire rencontre interne entre foi biblique et questions grecques.

Cette rencontre était depuis longtemps en marche. Déjà le nom de Dieu très mystérieux émanant du buisson ardent, qui sépare ce Dieu de tous les dieux aux noms multiples et le nomme simplement l’Être, est une contestation du mythe, qui n’est pas sans analogie interne avec la tentative de Socrate de dépasser et de surmonter le mythe. Le processus commencé au buisson ardent parvient à une nouvelle maturité à l’intérieur de l’Ancien Testament durant l’Exil, où le Dieu d’Israël, alors privé de pays et de culte, se proclame comme le Dieu du ciel et de la terre et se présente avec une simple formule, dans la continuation de la parole du buisson ardent « Je le suis ». Avec cette nouvelle confession de Dieu s’opère de proche en proche une clarification qui s’exprime efficacement dans le mépris des idoles, lesquelles ne sont que des ouvrages fabriqués par les hommes (cf. Ps 115).

C’est ainsi que la foi biblique à l’époque helléniste, s’étant opposée avec une extrême vigueur aux autorités hellénistes qui voulaient faire adopter par la contrainte les manières de vivre des Grecs et le culte de leurs divinités, alla de l’intérieur à la rencontre de la pensée grecque en ce qu’elle avait de meilleur pour un apaisement réciproque, telle qu’elle s’est en particulier réalisée plus tard dans la littérature sapientielle. Aujourd’hui, nous savons que la traduction de l’Ancien Testament de l’hébreu en grec réalisée à Alexandrie – la Septante – est plus qu’une simple traduction du texte hébreu (appréciée peut-être de façon pas très positive) ; à vrai dire, il s’agit d’un témoin textuel indépendant et d’un pas spécifique important de l’histoire de la Révélation, par lequel s’est réalisée cette rencontre d’une manière qui acquit une signification décisive pour la naissance et l’expansion du christianisme. En profondeur, il y va, dans la rencontre entre foi et raison, des lumières et de la religion authentiques. A partir de l’essence de la foi chrétienne et en même temps à partir de l’essence de l’hellénisme, qui s’était fondu avec la foi, Manuel II a pu effectivement déclarer : Ne pas agir « avec le Logos » est en contradiction avec la nature de Dieu.

La probité exige qu’on doive considérer ici que, au cours du Moyen Âge tardif, se sont développées en théologie des tendances qui ont fait éclater cette synthèse entre le grec et le chrétien. Contre le soi-disant intellectualisme augustinien et thomiste commence, avec Duns Scot, une position du volontarisme qui conduisit finalement à dire que nous ne connaissons de Dieu que sa ‘voluntas ordinata’. Au-delà, il y a la liberté de Dieu, en vertu de laquelle il aurait également pu faire le contraire de tout ce qu’il a fait. Ici se dessinent des positions qui peuvent être rapprochées totalement de celles d’Ibn Hazm et qui peuvent tendre vers l’image d’un Dieu arbitraire, qui n’est pas tenu par la vérité et le bien. La transcendance et l’altérité de Dieu sont placées si haut que notre raison, notre sens du vrai et du bien ne sont plus de réels miroirs de Dieu, dont les possibilités mystérieuses, derrière ses décisions effectives, nous restent éternellement inaccessibles et cachées.

A l’encontre de cette position, la foi chrétienne a toujours affirmé fermement qu’entre Dieu et nous, entre son esprit créateur éternel et notre raison créée, il existe une réelle analogie, dans laquelle les dissimilitudes sont infiniment plus grandes que les similitudes, mais cela ne supprime pas l’analogie et son langage (cf. concile Latran IV). Dieu ne devient pas plus divin si nous l’éloignons dans un volontarisme pur et incompréhensible, mais le véritable Dieu est le Dieu qui s’est manifesté dans le Logos, et qui a agi et qui agit par amour envers nous. Certes, l’amour « surpasse » la connaissance et demande en conséquence de prendre en considération plus que la simple pensée (cf. Eph 3, 19), mais il reste néanmoins amour du Dieu-Logos ; c’est pourquoi le culte de Dieu chrétien est ‘logiké latreia’ – culte de Dieu en accord avec la Parole éternelle et avec notre raison (cf Rm 12, 1).

La rencontre intime qui s’est réalisée entre la foi biblique et les interrogations de la philosophie grecque n’est pas seulement un événement concernant l’histoire des religions, mais un événement décisif pour l’histoire mondiale qui nous concerne aussi aujourd’hui. Quand on considère cette rencontre, on ne s’étonne pas que le christianisme, bien qu’il soit né et ait connu un développement important en Orient, ait finalement trouvé son véritable impact grec en Europe. Nous pouvons aussi dire, à l’inverse : cette rencontre, à laquelle s’est ensuite ajouté l’héritage de Rome, a fait l’Europe et reste au fondement ce qu’on peut appeler à juste titre l’Europe.

Cette thèse – que l’héritage grec critiquement purifié appartient à la foi chrétienne – fait face à l’exigence d’une déshellénisation qui domine de façon croissante le débat théologique depuis le début de l’époque moderne. Si l’on y regarde de plus près, on peut observer que ce programme de déshellénisation a connu trois vagues, sans doute liées, mais pourtant différentes les unes des autres dans leur fondement et dans leurs buts.

La déshellénisation apparaît d’abord en lien avec les fondements de la Réforme du XVIe siècle. Les réformés se sont situés face à la tradition scolastique de la théologie, qui avait totalement systématisée la foi sous la détermination de la philosophie, pour ainsi dire une détermination étrangère de la foi par une pensée qui n’émane pas d’elle. La foi n’apparaissait plus comme Parole vivante et historique, mais comme domiciliée dans un système philosophique. La ‘scriptura sola’ recherche, à l’inverse, la forme originaire de la foi telle qu’elle est donnée originairement dans la Parole biblique. La métaphysique apparaît comme une assertion qui provient d’ailleurs et dont il faut libérer la foi, en sorte qu’elle soit de nouveau totalement elle-même. Avec une radicalité que ne pouvaient pas prévoir les réformés, Kant a fonctionné à partir de ce programme, quand il disait qu’il a dû écarter la pensée pour faire place à la foi. En cela, il a ancré la foi exclusivement dans la raison pratique et lui a dénié l’accès à la totalité de la réalité.

La théologie libérale des XIXe et XXe siècles apporta une deuxième vague dans le programme de déshellénisation, dont Adolf von Harnack est le plus éminent représentant. Au temps de mes études comme dans les premières années de mon activité académique, ce programme était aussi fortement à l’œuvre dans la théologie catholique. La distinction que faisait Pascal entre le Dieu des philosophes et le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, servait de point de départ. Dans ma leçon inaugurale à Bonn en 1959, j’ai essayé de m’en expliquer.

Je ne voudrais pas reprendre tout cela à nouveau ici. Mais je voudrais du moins essayer brièvement de faire ressortir la différence entre cette nouvelle et deuxième déshéllénisation et la première. Comme pensée centrale apparaît, chez Harnack, le retour à Jésus simple homme et à son simple message, antérieurs à toutes les théologisations et aussi à l’hellénisation : ce simple message représente le vrai sommet du développement religieux de l’humanité. Jésus a congédié le culte pour la morale. Il est finalement présenté comme le père d’un message moral plein d’amitié pour les hommes. L’enjeu fondamental, c’est d’accorder de nouveau le christianisme avec la raison moderne, justement en le libérant des éléments apparemment philosophiques et théologiques, comme la foi en la divinité du Christ ou au Dieu trinitaire.

Dans la mesure où elle s’aligne ainsi sur une explication historico-critique du Nouveau Testament, la théologie a de nouveau droit de cité dans le cosmos de l’université : la théologie est, pour Harnack, essentiellement historique et ainsi rigoureusement scientifique. Ce qu’elle découvre sur le chemin de la critique de Jésus est pour ainsi dire l’expression de la raison pratique et par là elle a aussi sa place dans l’ensemble universitaire. A l’arrière-plan, on perçoit l’auto-limitation moderne de la raison, telle qu’elle a trouvé son expression classique dans les Critiques de Kant, mais telle aussi qu’entre temps elle a été radicalisée encore par la pensée scientifique.

Cette conception moderne de la raison repose sur la synthèse, confirmée par le succès technique, entre le platonisme (cartésianisme) et l’empirisme, pour le dire brièvement. D’un côté, on présuppose la structure mathématique de la matière, à savoir sa rationalité interne, qui rend possible de la comprendre et de l’utiliser comme force effective : ce présupposé fondamental est pour ainsi dire l’élément platonicien de la compréhension de la nature. De l’autre côté, il y va de la fonctionnalité de la nature pour nos intérêts, sur quoi seule la possibilité de la vérification ou de la falsification par l’expérience livre la certitude. Le poids entre les deux pôles peut être placé davantage sur l’un ou sur l’autre côté. Un penseur positiviste aussi rigoureux que J. Monod s’est décrit comme un platonicien convaincu, c’est-à-dire un cartésien.

Cela entraîne pour notre question deux orientations fondamentales. Seule la forme de certitude qui se donne dans le jeu concerté des mathématiques et de l’expérience autorise à parler de scientificité. Tout ce qui prétend être science doit se soumettre à ce critère. Aussi, les sciences qui se rapportent aux réalités humaines – telles que l’histoire, la psychologie, la sociologie, la philosophie – essaient de s’adapter à ce canon de la scientificité. Il est important encore, pour nos réflexions, que la méthode en tant que telle exclut la question de Dieu et la fait apparaître comme non-scientifique ou préscientifique. Mais par là, nous nous trouvons devant un rétrécissement du rayon de la science et de la raison qui doit être mis en question .

Nous allons y revenir. Il faut d’abord constater qu’essayer de faire de ce point de vue une théologie « scientifique », le christianisme n’est plus qu’un fragment misérable. Mais nous devons dire plus : l’homme lui-même en cela est diminué. Car les questions humaines spécifiques : d’où venons-nous et où allons-nous, les questions de la religion et de la morale, ne peuvent pas trouver une place dans la raison communément définie par la « science » et doivent être transférées dans la subjectivité. La subjectivité décide à partir de ses expériences ce qui lui paraît supportable d’un point de vue religieux, et la « conscience » subjective devient finalement l’unique instance éthique.

Mais de cette manière, morale et religion perdent leur capacité de formation collective et relèvent de l’arbitraire. Cette situation est dangereuse pour l’humanité : nous le constatons en voyant les pathologies de la religion et de la raison, qui doivent nécessairement se manifester là où la raison est si réduite que les questions de la religion et de la morale ne relèvent plus de son domaine. Ce qui, dans les essais éthiques, provient des règles de l’évolution ou de la psychologie et de la sociologie est tout simplement insuffisant.

Avant d’en arriver aux conséquences ultimes auxquelles je tends en tout cela, je dois brièvement signaler la troisième déshellénisation, qui a lieu actuellement. Au regard de la rencontre avec la multiplicité des cultures, on dit volontiers aujourd’hui que la synthèse avec la culture de la Grèce a été une première inculturation, réalisée dans l’Eglise antique, qu’on ne devrait pas imposer aux autres cultures. Ce serait leur droit de contourner cette inculturation pour revenir au simple message du Nouveau Testament, afin de l’inculturer à nouveau dans leurs espaces. Cette thèse n’est pas simplement fausse, elle est exagérée et inexacte. Car le Nouveau Testament est écrit en grec et porte en lui-même la rencontre avec l’esprit grec qui avait mûri auparavant dans la formation de l’Ancien Testament. Bien sûr, il y a des couches dans le devenir de l’Eglise antique qui ne doivent pas entrer dans toutes les cultures. Mais les choix fondamentaux, qui concernent le lien de la foi avec la quête de la raison humaine, appartiennent à cette foi elle-même et sont adaptés à son développement.

J’en viens à ma conclusion. L’essai d’autocritique de la raison esquissé ici à gros traits n’implique pas du tout la conception selon laquelle il faudrait revenir en deçà de l’‘Aufklärung’ et congédier les vues de la modernité. La grandeur du développement moderne de l’esprit est reconnue sans restriction : nous sommes tous reconnaissants pour les grandes possibilités qu’elle a ouvertes à l’homme et pour les progrès de l’humanité qui nous sont offerts. L’éthique de la scientificité est en outre volonté d’obéissance envers la vérité et, par suite, expression d’une attitude fondamentale qui appartient aux choix fondamentaux du christianisme.

Il s’agit non d’un retrait, ni d’une critique négative, mais d’un élargissement de notre concept et de notre usage de la raison. Car avec toute la joie que nous éprouvons à la vue des nouvelles possibilités de l’homme, nous voyons aussi les dangers qui croissent avec ces possibilités et nous devons nous demander comment en devenir maîtres. Nous le pouvons seulement si raison et foi s’unissent d’une manière nouvelle ; si nous surmontons l’auto-limitation de la raison à ce qui est falsifiable dans l’expérience, et si nous ouvrons de nouveau à la raison toute sa largeur. En ce sens, la théologie appartient à l’Université non seulement comme discipline relevant de l’histoire et des sciences humaines, mais comme spécifiquement théologie, comme question sur la raison de la foi et à son large dialogue avec les sciences.

Ainsi seulement nous devenons capables d’un authentique dialogue entre cultures et religions, dont nous avons impérativement besoin. Dans le monde occidental domine largement l’opinion que seule la raison positiviste et les formes de la philosophie qui en dépendent sont universelles. Mais précisément, cette exclusion du divin hors de l’universalité de la raison est perçue, par les cultures profondément religieuses du monde, comme un mépris de leurs convictions les plus intimes. Une raison qui est sourde au divin et repousse les religions dans le domaine des sous-cultures est inapte au dialogue des cultures.

En outre, comme j’ai essayé de le montrer, la raison scientifique, avec son élément platonicien, porte en elle-même une question qui tend au-delà d’elle et des possibilités de sa méthode. Elle doit tout simplement accepter comme un donné la structure rationnelle de la matière, tout comme la correspondance entre notre esprit et les structures rationnelles qui règnent dans la nature, un donné sur lequel est fondé sa méthode. Mais la question ‘pourquoi il en est ainsi’ demeure, et doit être transmise par les sciences de la nature à d’autres niveaux et à d’autres manières de penser – à la philosophie et à la théologie.

Pour la philosophie et d’une autre manière pour la théologie, l’écoute des grandes expériences et intuitions des traditions religieuses de l’humanité, en particulier de la foi chrétienne, est une source de connaissance, contre laquelle on ne se protègerait qu’en restreignant de façon inadmissible notre capacité d’écouter et de trouver des réponses. Il me vient ici à l’esprit un mot de Socrate à Phédon. Les discours précédents ayant évoqué beaucoup d’opinions philosophiques fausses, Socrate déclare : « On comprendrait aisément que quelqu’un, devant tant de faussetés, passât le restant de sa vie à haïr et à mépriser tous les discours sur l’être. » Mais de cette manière, il perdrait la vérité de l’être et s’attirerait un très grand dommage.

L’Occident est menacé depuis longtemps par le rejet des questions fondamentales de la raison et ne peut en cela que courir un grand danger. Le courage pour l’élargissement de la raison, non la dénégation de sa grandeur – tel est le programme qu’une théologie responsable de la foi biblique doit assumer dans le débat actuel. « Ne pas agir selon la raison (selon le Logos) s’oppose à la nature de Dieu », répliqua Manuel II, depuis sa vision chrétienne de l’image de Dieu, à son interlocuteur persan. C’est dans ce grand Logos, dans cette large raison que nous invitons nos partenaires au dialogue des cultures. La trouver toujours à nouveau, telle est la grande tâche de l’Université.»

(Traduit de l’allemand par Marcel Neusch)(1) Les citations de la controverse sont empruntées par Benoît XVI à l’ouvrage Entretiens avec un musulman, de Manuel II Paléologue (édition Sources chrétiennes) ; elles sont traduites ici selon la reprise qu’en fait le pape . Par contre, les citations de Th. Khoury et de R. Arnaldez, tirées de la même édition, sont reprises selon l’édition originale parue au Cerf (note du traducteur).
 
 

Voir les commentaires

marseille-62.jpg

 

Dimanche 10 mars 2013

Ce texte de l’Evangile est pour moi un des textes les plus signifiants de l’engagement chrétien. Souvent dans mes solitudes attristées (quand j’étais au Collège Naval, au Prytanée, à l’Ecole de Santé et encore maintenant dans ce maelstrom qui essaie de m’emporter ces derniers mois et années), ce texte me revient en mémoire.

Si le message de Jésus est à nouveau source de réflexion, je ne peux céder aussi à une lecture simple, de premier degré.

Le souvenir de mon  père, sa silhouette, son regard, ses mains, sa voix me reviennent avec force et émotion.

Sacré Père !

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 15,1-3.11-32. (du dimanche 10 mars 2013)

Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l'écouter. 
Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! » 
 

Alors Jésus leur dit cette parabole : 
Jésus dit encore : « Un homme avait deux fils. 
Le plus jeune dit à son père : 'Père, donne-moi la part d'héritage qui me revient. ' Et le père fit le partage de ses biens. 
Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu'il avait, et partit pour un pays lointain où il gaspilla sa fortune en menant une vie de désordre. 
Quand il eut tout dépensé, une grande famine survint dans cette région, et il commença à se trouver dans la misère. 
Il alla s'embaucher chez un homme du pays qui l'envoya dans ses champs garder les porcs. 
Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien. 
Alors il réfléchit : 'Tant d'ouvriers chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! 
Je vais retourner chez mon père, et je lui dirai : Père, j'ai péché contre le ciel et contre toi. 
Je ne mérite plus d'être appelé ton fils. Prends-moi comme l'un de tes ouvriers. '
Il partit donc pour aller chez son père. Comme il était encore loin, son père l'aperçut et fut saisi de pitié ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. 
Le fils lui dit : 'Père, j'ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d'être appelé ton fils... '
Mais le père dit à ses domestiques : 'Vite, apportez le plus beau vêtement pour l'habiller. Mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds. 
Allez chercher le veau gras, tuez-le ; mangeons et festoyons. 
Car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé. ' Et ils commencèrent la fête. 
Le fils aîné était aux champs. A son retour, quand il fut près de la maison, il entendit la musique et les danses. 
Appelant un des domestiques, il demanda ce qui se passait. 
Celui-ci répondit : 'C'est ton frère qui est de retour. Et ton père a tué le veau gras, parce qu'il a vu revenir son fils en bonne santé. '
Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d'entrer. Son père, qui était sorti, le suppliait. 
Mais il répliqua : 'Il y a tant d'années que je suis à ton service sans avoir jamais désobéi à tes ordres, et jamais tu ne m'as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. 
Mais, quand ton fils que voilà est arrivé après avoir dépensé ton bien avec des filles, tu as fait tuer pour lui le veau gras ! '
Le père répondit : 'Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. 
 

Il fallait bien festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé ! »

Voir les commentaires

Maurice Druon est mort hier !

Je retiens de lui ce chant capital pour la mémoire, le sens de la révolte et de l'esprit de résistance, qu'il avait écrit avec son oncle Joseph Kessel.

 

Ami entends-tu
Le vol noir des corbeaux
Sur nos plaines.
Ami entends-tu
Les cris sourds du pays
Qu’on enchaîne ...
Ohé partisans
Ouvriers et paysans
C’est l’alarme !
Ce soir l’ennemi
Connaîtra le prix du sang
Et des larmes ...
 
Montez de la mine,
Descendez des collines,
Camarades.
Sortez de la paille
Les fusils, la mitraille,
Les grenades.
Ohé ! les tueurs
A la balle et au couteau
Tuez vite !
Ohé ! saboteurs
Attention à ton fardeau ...
Dynamite ...
 
C’est nous qui brisons
Les barreaux des prisons
Pour nos frères.
La haine à nos trousses
Et la faim qui nous pousse,
La misère.
Il y a des pays
Où les gens au creux des lits
Font des rêves.
Ici, nous vois-tu
Nous on marche et nous on tue
Nous on crève ...
 
Ici, chacun sait
Ce qu’il veut, ce qu’il fait
Quand il passe
Ami, si tu tombes,
Un ami sort de l’ombre
A ta place.
Demain du sang noir
Séchera au grand soleil
Sur les routes.
Sifflez compagnons,
Dans la nuit, la liberté
Nous écoute ...
 
Ami, entends-tu
Les cris sourds du pays qu’on
Enchaîne !
Ami, entends-tu
Le vol noir des corbeaux sur nos plaines ...


Chaque fois que j'entends ce chant, je ne peux m'empêcher de sentir l'émotion, une émotion particulière qui me serre la gorge.
Que dire aussi la première fois où je suis entré à la Boâte au 14 avenue Berthelot qui eut cette parenthèse douloureuse durant l'occupation.
Je me souviens que lors de mes explorations des sous sols de l'Ecole, ce chant et ses paroles si lourdes envahissait mon esprit.. 

Voir les commentaires

Non, il ne m'était pas imaginable qu'un jour notre pays puisse accueillir durant 5 jours et en grandes pompes le guide suprême de la révolution. Cet homme a été le maître à penser et le coeur d'un système de terrorisme d'état. 

Je veux opposer à cette venue cette affiche qui trône dans mon cabinet face à mes yeux.

ddhc-002.jpg

Voir les commentaires

  Ce Huit décembre à Lyon !

Je me souviens de ma curiosité quand arrivant en 1976 à l'ESSA de Lyon, mon regretté parrain de promotion me parla de cette fête lyonnaise, signe de la reconnaissance des lyonnais à Marie.
Je me souviens que nous avions marché de la Boâte qui se trouvait à l’époque avenue Berthelot vers Fourvière. La vue de Lyon illuminée à nos pieds était toute grandiose, magnifiée par la simplicité de cette dévotion populaire.
Je pris naturellement l’habitude, devenu lyonnais d’adoption, chaque huit décembre, de mettre à mes fenêtres ces petits lumignons glissés dans des pots de verre, plus tard peints de toutes les couleurs par mes enfants.
 
Au fur et à mesure des années, le 8 décembre prit une dimension plus païenne, plus commerciale, avec une organisation de festivités dans chaque quartier. Autrefois sur le quartier de Monplaisir, il y avait le défilé des élèves des écoles du quartier. Le caractère spontané et simple a disparu pour faire place à un spectacle de plus en plus technique et professionnel. Cette fête est devenue la fête des lumières et sa durée s’étale désormais sur 3 jours. D’acteur, l’habitant est devenu simple spectateur. Mais le rayonnement de la ville par cette fête des lumières est là !
 
Il me semble utile de rappeler l’origine de cette fête.
Cette fête tire son origine de deux faits qui ont marqué l’histoire de Lyon, l’épidémie de peste avec le vœu des échevins et la guerre contre les prussiens aux portes de Lyon.
En 1643, une épidémie de peste sévissait  en France et notamment sur la région. Le Prévost de Lyon et ses échevins ne pouvant compter sur la médecine, s’en remettent alors  à la Vierge Marie pour protéger la ville.
L’épidémie de peste cesse ! Pour la remercier de ce miracle, les Echevins assistent le jour de la nativité de Marie, le 8 septembre, à une « grand messe » et remettent à l’évêque de Lyon, pièces d’or et cire blanche. Cette  tradition s’est poursuivie et chaque 8 septembre, lors du Vœu traditionnel des Echevins, le Maire remet un écu d’or  et un cierge à l’évêque de Lyon,.
 
Les lyonnais ont l’habitude et notamment depuis le premier Vœu des Echevins, de prier  la Vierge, pour tout drame personnel ou pour la remercier de son intercession. Il suffit pour s’en rendre compte d’aller dans la partie consacrée aux ex-voto, de la Basilique de Fourvière.
En  1848 il est question de refaire le vieux clocher de la petite église qui existe toujours près de la Basilique de Fourvière. En 1852 la restauration du clocher est terminée et l’on va placer sur celui-ci une statue dorée de Marie.
Bien entendu la date choisie sera celle du 8 septembre, jour de la naissance de Marie. Mais surviennent des intempéries d’une rare ampleur avec une crue de la Saône. La cérémonie est ajournée et sera reportée au 8 décembre qui est le jour de l’Immaculée Conception.
Comme par un fait exprès, ce huit décembre 1852, les orages éclatent. Il est encore question de repousser la cérémonie quand une éclaircie se produit. Spontanément, les lyonnais mettent à leurs fenêtres des lumignons. Ce geste populaire se poursuivra.
 
Cette année en consultant  le programme épiscopal de la fête du 8 décembre, j’ai noté avec émotion un évènement particulier. En effet à l’occasion du 50e anniversaire de la mort en Inde du Père  Monchanin, lyonnais d’origine, le diocèse de Lyon a invité  Mgr Devotta, évêque de  Tiruchirapalli, plus communément appelée Trichy, ville d’origine d’un de mes oncles maternels. Le Père Monchanin y avait vécu dans un ashram, . Une messe en tamoul a également été célébrée le vendredi 7 décembre. Je ne peux laisser sous silence ce qui unit désormais la communauté catholique tamoule à Lyon. En 2005, Fourvière a accueilli Notre Dame de Velankanni, considérée par le Vatican comme Notre Dame de Lourdes de l’Orient et consacrée également comme Notre Dame de la Santé. Notre Dame de Velankanni est pour ma famille très importante et je me souviens que chaque soir nous devions lui faire une prière. 
 
En ce 8 décembre, SS le Pape Benoit XVI a adressé le message suivant aux lyonnais :  
« Je m’associe aux pèlerins rassemblés dans les sanctuaires mariaux de Lourdes et de Fourvière pour honorer la Vierge Marie, en cette Année jubilaire du 150e anniversaire des apparitions de Notre-Dame à Sainte Bernadette.
Grâce à leur confiance en Marie et à son exemple, ils deviendront de véritables disciples du Sauveur. Par les pèlerinages, ils donnent de nombreux visages d’Église aux personnes qui sont en recherche et qui viennent visiter les sanctuaires. Dans leur chemin spirituel, ils sont appelés à déployer la grâce de leur Baptême, à se nourrir de l’Eucharistie, à puiser dans la prière la force pour le témoignage et la solidarité avec tous leurs frères en humanité. Puissent les sanctuaires développer leur vocation à la prière et à l’accueil des personnes qui veulent, notamment par le sacrement du Pardon, retrouver le chemin de Dieu.
J’adresse aussi mes vœux cordiaux à toutes les personnes, notamment les jeunes, qui célèbrent dans la joie la fête de l’Immaculée Conception, particulièrement les illuminations de la métropole lyonnaise. Je demande à la Vierge Marie de veiller sur les habitants de Lyon et de Lourdes, et je leur accorde à tous, ainsi qu’aux pèlerins qui s’associent aux cérémonies, une affectueuse Bénédiction apostolique. »
 
Ainsi depuis presque dix ans, cette fête de dévotion mariale s’associe à ce qui est devenu la Fête des Lumières. Le retentissement en est devenu national voire international. Ainsi, cette année la ville a accueilli près de 4 millions de visiteurs !
Lyon malgré le froid, les quelques averses et les pannes de métro était vraiment superbe !

huitdec004-copie-1.jpg

Voir les commentaires

<< < 1 2
Haut

Hébergé par Overblog