Depuis quelques jours cette question m'est posée :
"Dites-moi Docteur ! Pour qui voter ?"
Ainsi je perçois comme un frémissement dans la campagne qui s’annonce, même si la plupart de ces personnes ne savent pas forcément quand aura lieu le premier tour.
Et puis comme une curiosité, ces personnes me disent :
" Bah, il ne faut pas se faire d'illusions, Sarko sera réélu. Et pourtant on ne peut pas dire qu'il ait fait grand-chose pour nous... On n'arrête pas depuis qu'il est là, de payer toujours plus et on ne reçoit rien en échange..."
"… Et puis c'est normal qu'il soit réélu, Hollande n'inspire pas confiance et surtout on va revoir les mêmes qu'avant du temps de Jospin..."
Je me dis alors qu'il est difficile d'être un médecin de famille, le confident de ces personnes, de ces familles (trois générations pour certaines..), de ces enfants que j'ai vus nourrisson et qui pour certains ont déjà donné vie, que j'accompagne dans leur santé depuis tant d'années.
Ai-je le droit moral de mêler mon exercice médical avec mon sentiment politique, mon orientation politique même si elle est depuis plus de trente ans connue dans ce quartier de Monplaisir?
En même temps, je me dis que c'est quand même formidable de recevoir tant de confiance et que j'ai bien de la chance d'être ainsi considéré.
Alors je me prends à rêver à haute voix d'une société plus humaine, vraiment équitable où chacun serait considéré dans ce qu'il est et avec dignité.
Toutefois, mon expression verbale n'est pas modérée, ne peut être modérée.
Je ne puis en fait être modéré.
Je me considère dans mon expression et ma pensée comme un révolutionnaire, un de ceux qui firent partie de La Plaine lors de la Convention, mais quand même assez utopiste, j'en conviens.
La presse locale ne m'avait-elle pas qualifié affectueusement dans les années 90 de "Don Quichotte exotique" ?
Alors, pour qui voter ?
J'expose alors ce à quoi je crois !
Cette volonté d'aider l'être humain à vivre mieux qu'hier, cette volonté de partager avec l'autre ce que j'ai appris, cette volonté d'aller vers le progrès.
Oui c'est bien cela mon orientation politique : faire que notre société progresse, et tous ensemble, en faisant en sorte de tendre chaque fois la main vers celui ou celle qui à un moment donné de sa vie est laissé au bord du chemin commun.
Voilà ce qui m'anime chaque jour et depuis si longtemps.
Je crois à ce que Emmanuel Mounier appelait le "personnalisme communautaire".
Cette expression me parait tellement juste :
Une personne avec toutes ses différences dans une Communauté de destin !
Je mesure alors que mon propos participe de la pensée et de la philosophie.
Alors pour qui voter ?
Et bien pour celui ou celle qui pourra le mieux incarner cette pensée philosophique, pour celui ou celle qui saura redonner du sens à la dignité de l’être humain, qui le mettra au centre de ses préoccupations, qui n'aura de cesse à permettre le progrès, la progression de chacun dans son quotidien.
C'est sous ce seul angle que je veux voir les débats de cette drôle de campagne présidentielle qui semble comme en 2002 être déjà jouée avec la superbe complicité des mass-médias.
Alors pour qui voter ?
Mon respect de celui ou celle que j'ai en face de moi dans cette question posée, m'impose de faire réfléchir à ce que l'on souhaiterait, mais aussi à regarder les choses comme elles sont.
Le chemin vers l'idéal n'est jamais facile et c'est cette difficulté qui fait aussi le sel de l'action politique, n'est-ce pas ?
Alors effectivement, dans ce que je vais dire, la lumière se fait et je me dis que j'amène à la "lucidité".
Ce ne peut être Marine Le Pen, ni Jean-Luc Mélenchon, brillants orateurs ou tribuniciens quoiqu'il en soit !
Ce ne peut être Philippe Poutou, joker de Besancenot !
Que dire d'Eva Joly qui navigue dans les méandres d'un futur à cent ans !
Déjà on m'expose l’hypothèse de la chevelure argentée de Monsieur Galouzeau de Villepin et ses fameux discours. Mais attendons son jet d'éponge qui sera sans conteste très enthousiasmant dans la geste.
Alors François Hollande ?
Mais quoi... que dit-il ? Que propose-t-il de si différent dans la logique comptable de ce qui a été fait depuis 20 ans ?
Nicolas Sarkozy ?
En toute franchise, j'étais persuadé qu'il ne se représenterait pas comme j'étais persuadé que Dominique Strauss Khan ne se présenterait pas et ce dès 2007 !
(Ces deux personnes me paraissant si proches dans leur façon de penser).
Sarko-Hollande ? SarkHollandisation !
Alors pour qui voter ?
Je crois en toute sincérité que ce qui doit être l’essentiel pour la prochaine décennie est l’Instruction.
Arrêtons de parler d’éducation mais abordons simplement l’instruction, le partage des connaissances, la transmission du savoir.
Il suffit de confisquer l’esprit critique !
Il suffit de confisquer la capacité à comprendre ce qui est dit et écrit !
Je ne suis pas loin de penser qu’à dessein la capacité critique de nos concitoyens a été gommée par les pouvoirs en place depuis les années 80 tout en faisant croire que malgré tout on apprenait.
N’est-il pas curieux, alors que la scolarité est obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans, nombre de nos compatriotes n’arrivent pas à déchiffrer, à comprendre le sens des mots et encore moins à savoir écrire ?
Je me dis que depuis 20 ans, il y a eu une sorte de « désinstruction volontaire» par un saupoudrage de connaissances sans toutefois faire posséder aux écoliers la racine et le tronc de l’arbre.
Je me dis aussi que nous versons dans un monde « d’oralité » et que nous perdons l’écrit !
Et cela me semble extrêmement grave !
Ne sommes-nous pas en train de régresser et faire en sorte que comme au Moyen Age, le peuple fasse rédiger les écrits nécessaires par ceux qui savent ?
Je dis cela avec force et inquiétude, car depuis peu, je suis surpris par le fait de devoir rédiger des courriers de nombre de mes patients à destination de diverses administrations (Sécurité sociale, Cotorep, pôle emploi, caisse d’allocations familiales, caisse de retraite).
Mon rôle de médecin n'est-il pas aussi de les aider dans les méandres de l'administration ?
Et pourtant n'ont-ils pas suivi leur scolarité jusqu’à 16 ans au moins !!!
N’avons-nous pas perdu le sens du message de Jules Ferry dans sa volonté révolutionnaire de l’instruction publique?
Alors pour qui voter ?
Mon choix ne peut se porter que vers le candidat qui sera animé de cette volonté d’instruire !
Je le dis avec sincérité, cette volonté d’instruire et de faire ainsi que le faible devienne fort, est portée par le candidat François Bayrou !
Alors pour qui voter ?
Dès le premier tour, le 22 avril 2012, le choix « éclairé » doit se porter sur
François Bayrou
afin qu’il puisse être au second tour.
La révolution des esprits pourra alors commencer !