Un débat comme on en fait de plus en plus souvent secoue notre pays ou plus précisément les femmes en âge de procréer (terme consacré) désireuses d'avoir un moyen contraceptif fiable.
Le journal international de médecine a publié un article somme toute correct mais cela appelle quelques remarques d'importance et curieusement absentes de ce débat.
Alors voici l'article in extenso
Pilule de 3ème et 4ème génération : l’ANSM veut renforcer l’encadrement des prescriptions
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Les COC de troisième génération toujours en seconde intention La récente agitation médiatique autour des pilules de troisième et quatrième génération vient cependant d’inciter l’ANSM à rappeler ces fameuses « contre-indications et précautions d’emploi ». Concernant tout d’abord l’ensemble des contraceptifs, elle insiste sur l’importance de « rechercher les facteurs de risque, notamment de thrombose, lors de toute prescription d’un COC à une nouvelle utilisatrice ». Elle ajoute également que les femmes doivent être informées du risque de thrombose et qu’un suivi clinique précis doit être réalisé notamment lors des périodes critiques (initiation du traitement, changement de contraceptif…) afin d’évaluer la tolérance au traitement. A l’égard des pilules de troisième et quatrième génération, l’ANSM réitère des recommandations déjà formulées précédemment mais qui pourraient ne pas être parfaitement suivies. L’ANSM a en effet déjà insisté sur le fait que ces contraceptifs ne doivent être utilisés qu’en seconde intention. Or, cette limitation n’a pas empêché une très forte progression de ces traitements ces dernières années, tant et si bien qu’aujourd’hui entre 1,5 et deux millions de femmes recevraient ce type de contraceptif. Une situation qui pourrait refléter une certaine tendance à la « sur prescription » des pilules de troisième et quatrième génération. Aussi, l’ANSM vient-elle de rappeler qu’en première intention devait être privilégiée la prescription des COC de deuxième génération. Néanmoins, elle note qu’aujourd’hui, les données disponibles concernant le risque thromboembolique veineux ne justifient « pas un arrêt brutal d’un COC dit de troisième génération (…) jusque là bien supporté chez une femme utilisatrice depuis une longue période ».
Vers une prescription réservée aux gynécologues ? Parallèlement à ce rappel général et à l’envoi d’une « mise en garde » à quelque 80 000 prescripteurs en France, l’ANSM souhaite tenir dans les tous prochains jours une réunion « formelle » avec les représentants des généralistes, gynécologues et sages femmes ainsi qu’avec les responsables du planning familial. Objectif : réfléchir à un meilleur encadrement des prescriptions des COC de troisième génération, qui pourrait consister, si les différents rappels récents se révélaient inefficaces, à « réserver les conditions de prescriptions et de délivrance » a indiqué Dominique Maraninchi, patron de l’ANSM. En clair, seuls les gynécologues pourraient être habilités à prescrire ce type de pilule.
Retour en arrière ? Une telle perspective pourrait réjouir ceux qui, comme le député socialiste Gérard Bapt, avait regretté de façon tonnante ces derniers jours l’absence de réactions de l’ANSM sur ce sujet. D’autres se montrent bien moins enthousiastes, tel le professeur Israël Nisand, chef du service d’obstétrique au CHU de Strasbourg qui sur RMC ce matin s’étonnait d’un certain retour en arrière. « Je ne trouve aucun argument pour prendre une telle mesure (…). Au lieu de pouvoir avoir leur prescription par leur généraliste, les femmes devront aller voir un spécialiste, ce sera encore plus difficile pour elles d’accéder à une contraception. L’année dernière, on disait qu’il n’y avait même pas besoin de médecin pour prescrire, qu’une sage femme ou une infirmière pouvait aussi bien le faire, que les pharmaciens pouvaient distribuer librement la contraception, je ne comprends pas », s’interroge-t-il. Aurélie Haroche Copyright © http://www.jim.fr |
Il me parait intéressant de glisser dans cet article la fiche vidal* d'un contraceptif oral quelque soit sa génération.
Risque d'accident thromboembolique
Troubles circulatoires : L'utilisation de tout contraceptif oral combiné (COC) augmente le risque thromboembolique veineux par rapport à une non-utilisation. L'augmentation du risque thromboembolique veineux est plus élevé pendant la première année d'utilisation d'un contraceptif oral estroprogestatif. Chez les utilisatrices de contraceptifs oraux faiblement dosés en estrogène (contenant moins de 50 µg d'éthinylestradiol), sans facteur de risque thromboembolique veineux connu, les études épidémiologiques ont montré que l'incidence d'un accident thromboembolique veineux était comprise entre environ 20 cas pour 100 000 années-femmes (pour les utilisatrices de COC contenant du lévonorgestrel) et 40 cas pour 100 000 années-femmes (pour les utilisatrices de COC contenant du désogestrel ou du gestodène). Chez les non-utilisatrices, ce risque est de 5 à 10 cas pour 100 000 années-femmes et de 60 cas pour 100 000 grossesses. Dans 1 à 2 % des cas ces accidents thromboemboliques veineux sont d'évolution fatale. Des études épidémiologiques ont montré que le risque de thromboembolie veineuse associé aux COCs contenant de la drospirénone est plus élevé que celui associé aux COCs contenant du lévonorgestrel (dits COCs de deuxième génération) et pourrait être similaire à celui associé aux COCs contenant du désogestrel/gestodène (COCs dits de troisième génération). Certaines études épidémiologiques ont également associé l'utilisation de contraceptifs oraux estroprogestatifs à une augmentation du risque thromboembolique artériel (infarctus du myocarde, accident ischémique transitoire). Chez les utilisatrices d'une contraception orale, de très rares cas de thrombose d'autres vaisseaux sanguins ont été observées, par exemple veines et artères hépatiques, mésentériques, rénales, cérébrales ou rétiniennes. Il n'existe pas de consensus sur la relation entre la survenue de ces accidents et l'utilisation de contraceptifs hormonaux.
Les symptômes d'événements thromboemboliques veineux ou artériels ou d'accident vasculaire cérébral peuvent être les suivants :
Chez les utilisatrices de contraception orale, le risque de complications thromboemboliques veineuses augmente :
la responsabilité des varices et des thrombophlébites superficielles dans la survenue ou l'aggravation d'une thrombose veineuse n'est pas établie. Chez les utilisatrices d'une contraception orale, le risque de complication thromboembolique artérielle ou d'accident vasculaire cérébral augmente :
La présence d'un facteur de risque grave ou de plusieurs facteurs de risque de maladie veineuse ou artérielle peut également constituer une contre-indication. La possibilité d'un traitement anticoagulant pourra être envisagée.
En cas de survenue d'un symptôme évocateur de thrombose, il sera recommandé aux femmes utilisatrices d'une contraception orale de contacter leur médecin. En cas de survenue ou de suspicion de thrombose, la contraception orale doit être interrompue. En raison du potentiel tératogène d'un traitement anticoagulant par dérivés coumariniques, une autre méthode contraceptive appropriée doit être instaurée. Il sera tenu compte de l'augmentation du risque thromboembolique survenant lors du post-partum (cf Fertilité/Grossesse/Allaitement). Les autres affections médicales pouvant entraîner des accidents vasculaires sont : le diabète sucré, le lupus érythémateux disséminé, le syndrome hémolytico-urémique, les entéropathies inflammatoires chroniques (maladie de Crohn et rectocolite hémorragique) et la drépanocytose. L'augmentation de la fréquence ou de l'intensité des migraines lors d'une contraception orale (prodrome éventuel d'un accident vasculaire cérébral) peut justifier l'arrêt immédiat de celle-ci. |
Comme on peut le constater la fiche Vidal* est bien conséquente et nul ne peut ignorer ces recommandations.: la pilule reste un médicament avec son efficacité certes mais aussi ses effets secondaires ou accidents indésirables.
Il me revient mon stage d'externe en neurochirurgie. Il y avait là un grand nombre de jeunes femmes ayant fait un AVC sous pilule. Un point commun à toutes ces patientes était la consommation de tabac. Le professeur de l'époque avait d’ailleurs publié lors des entretiens de Bichat. C'était en 1982 !
Cela m'avait terriblement bouleversé car certaines de ces jeunes femmes avaient mon âge. C’est ainsi que je me suis juré d’expliquer aux femmes le danger lié à l’association tabac et contraceptif oral.Et croyez moi, j'explique toujours et j'indique sur mon ordonnance la contre-indication qu'est le tabac. cela ne plait pas toujours mais au moins la graine est semée.
Ce drame d'avc sous pilule mériterait que l’on sensibilise les femmes au risque couru si elles fument. J’ai envie de dire : « protégez les femmes du tabac ».
Et puis comme la pilule reste un médicament il importe que l’examen clinique soit fait et bien fait (avec une vraie auscultation cardiaque) plutôt que d’entendre en fin de consultation « Docteur vous pouvez me rajouter la pilule ? ».
Il serait bien que la presse grand public s’empare de cette nécessité d’examen et rappeler les contre-indications absolues et relatives dont le tabac.
Enfin, je ne suis pas certain que la prescription réservée à certains spécialistes puisse améliorer la situation. Il m'a été rapporté que certains gynécologues affirment qu'il existerait des pilules adaptées à la fumeuse ! Hérésie ! Folie que cela !