J'aime bien les titres des articles de la presse écrite. Car il s'agit d’interpeller le lecteur en seulement une phrase et l'entrainer ipso facto à lire l’article.
"Soudain, face à François Hollande, une femme donne un visage au chômage"
L'article du Monde du 10 août interpelle.
On a plus parlé de l'image médiatique et d'une communicatio négative d'un président de la république décontenancé, ne sachant que dire, mis à mal même dans l'écoute attentive de cette dame.
Cela m’a renvoyé presque par un réflexe pavlovien d’une part à Lionel Jospin qui en 1999 ou en 2000 avait déclaré " l'Etat ne peut pas tout" et d’autre part au "très gaulliste social" Philippe Seguin (maître à penser de François Fillon) qui déclarait sans « sourciller » qu’il y avait de toutes façons un volet incompressible du chômage.
Les propos de cette femme qui réussit à parler au chef de l’Etat sont pourtant réalités. Combien aujourd’hui ne peuvent plus simplement vivre même en travaillant un peu?
Depuis de nombreuses années, nos élites de la macro-économie tant politiques que médiatiques nous disent chiffres à l’appui que le pouvoir d’achat des français a augmenté.
Mais qu’est-ce que cela peut faire si dans le même temps des charges qui n’existaient pas se sont rajoutés et ce de manière volontaire par l’Etat ?
J’aimerai tant que ces mêmes élites réfléchissent en termes de reste à charge et surtout de reste à vivre.
J’évoquais ces charges supplémentaires que l’on fait peser sur des ménages fragiles économiquement. Ainsi il faut désormais avoir un numéro de portable donc une ligne de mobile. C’est ainsi que lorsque j’ai refait mon passeport, le seul numéro que l’agent de la mairie m’a demandé était celui de mon portable. J’ai proposé mon fixe. Que nenni : « comme cela vous serez averti par sms ». Bien sûr cela économise le courrier et l’affranchissement qui sont pourtant et encore domaine de l’Etat (les administrations n’auraient-elles plutôt pas intérêt à faire davantage travailler le manuscrit et la lettre postée ?
Que dire aussi de la quasi-nécessité des « sans emploi » d’avoir une ligne internet, disposer d’un équipement informatique pour simplement pouvoir être joint par le Pôle emploi ?
Que dire aussi de la volonté de toutes les administrations de procéder désormais au zéro papier ? Il semblerait même que dans quelques années (deux ans ?) le contribuable français serait obligé de procéder à sa déclaration de revenus par internet.
Ces charges-là sont-elles obligatoires pour mieux vivre ? Je ne le crois pas !
Si elles facilitent le travail des uns, elles alourdissent la facture des autres, ce fameux « reste à charge » diminuant d’autant le « reste à vivre ».
On pourrait faire un catalogue de toutes ces petites dépenses qui s’ajoutent et se surajoutent.
Mais je crois franchement que si effectivement les français gagnent plus, en fait nous faisons moins avec.
Pourquoi ?
Voilà la seule question qui m’intéresse !
Et s’agissant de l’emploi que ne propose-t-on de vrais métiers, de l’emploi d’utilité et non d’occupation !
Ainsi je veux dénoncer la folie portée par Martine Aubry je crois sous Bérégovoy quand elle a mis en place les CDD avec ces CES (contrat emploi solidarité).
Et depuis 90, cela n’a pas cessé.
Juste des postes souvent simplement occupationnels, créés (contrats jeunes, emplois d’insertion, emplois aidés ou contrats d’avenir etc.) et validés le temps d’une mandature.
Après juste le retour pour ceux qui occupaient ces postes, à la case départ.
Dans l’exemple de cette dame le plus ahurissant est que ce sont les administrations d’état qui usent et abusent des CDD. « …Contrat emploi solidarité comme surveillante de collège (deux ans), poste en maternelle (deux ans), au service municipal de la scolarité (huit mois), à la direction départementale de l'agriculture (huit mois), à la Maison sociale agricole (un an et demi), à l'Urssaf (cinq mois), à la direction départementale des territoires et de la mer (quatre mois), au service pénitentiaire d'insertion (trois mois)... »
Que ne revient-on pas clairement à l’emploi utile. Si l’emploi est utile il faut le créer.
Le salarié a besoin de stabilité pour consommer.
Chirac avait raison lors de sa campagne de 1995, dans son petit opus à la pomme. La prise de risque disait Chirac est infime puisqu’elle durerait à peine deux ans, le temps de la stabilité et la sérénité retrouvée et après la capacité d’une consommation plus large.
Que ne l’a-t-il pas mis en place après son élection ?
Je me suis souvent interrogé sur cette incapacité, cette aboulie une fois élu de faire et mettre en place les réformes nécessaires ?
Que se passe-t-il donc dans ce pays pourtant démocratique pour que, quel que soit le gouvernement, il y ait soudain cette incapacité ?
Je reviens sur mon antienne favorite portée depuis l’élection de François Hollande.
Qui in fine tient les rênes de la gouvernance ?
Surement pas le politique qui croit que …Il ne s’agit pas comme le dit un sénateur PS de Côte d’Or de faire de la pédagogie. Les français ne sont pas sots et comprennent bien vite à leurs dépens ce qui se passe !
Mais en fait ne s’agit-il pas de savoir si on veut vraiment provoquer le changement en France ?
Comment espérer un changement quand les mêmes qui tiennent les rênes des rouages de l’Etat sont présents depuis tant et tant d’années sous toutes les présidences sans que l’on mît fin jamais à leurs fonctions ?
La seule méthode pour provoquer un changement et la réforme est de commencer par un préalable :
Le renouvellement des directions et sous directions de tous nos ministères, de toutes nos administrations d’Etat et « para-publiques »
Ainsi rappelons tout de même que l’actuel directeur de l’UNCAM a bien été nommé sous Chirac par Raffarin, conservé sous Sarkozy et gardé par Hollande !
Comment pouvoir espérer un changement si celles et ceux qui tiennent l’Administration ne sont pas renouvelés ?
Comment espérer ne serait-ce qu’une autre vision de notre société en changement simplement de bout de la lorgnette si ceux qui la tiennent sont les mêmes ?
Je pense qu’il est nécessaire au politique de se tenir humble. Rien ne pourra se faire sans sa haute administration en place depuis tant d’années !
On pourra me taxer d’utopiste révolutionnaire, coupeur de têtes. Pourquoi pas ? J’accepte et je dirais même plus, j’aime ce qualificatif !
Mais quand même pourquoi ce qui peut se faire dans la plus grande démocratie du Monde, les Etats Unis d’Amérique, ne pourrait-il pas se faire en France ?
Oui pourquoi ?
ce 12-08-13
jcj