Je pense que nous avons le tort en France de considérer l’Islam au travers de notre prisme ou plutôt notre lorgnette judéo-chrétienne.
Il a fallu du temps pour que l’Eglise catholique accepte de rentrer dans la sphère privée.
N’a-t-elle pas dirigé l’état pendant des siècles ?
Rappelons-nous simplement du droit divin accordé à nos rois et de la nécessité d’être catholique. Rappelons-nous de la conversion de notre sacré Vert Galant et sa fameuse expression « Paris vaut bien une messe ».
Rappelons-nous aussi de la période concordataire qui organisa les cultes et notamment le culte israélite en créant un consistoire (sur le modèle de celui existant pour les protestants). Cela a été réalisé sous Napoléon en 1808 !
N’oublions pas également les titres religieux encore accordés au président de la république.
Outre recevoir le titre de chanoine d’honneur au cours d’une cérémonie dans la basilique Saint-Jean-de-Latran par le pape, il est également chanoine honoraire des cathédrales de Saint-Jean-de-Maurienne, Saint-Julien du Mans, Saint-Maurice d’Angers, Saint-Jean de Lyon, Saint-Etienne de Cahors et Saint-Etienne de Chalons et des églises Saint-Hilaire de Poitiers, Saint-Martin de Tours et Saint-Germain-des-Prés, à Paris, et enfin proto-chanoine de la basilique Notre-Dame de Cléry et de la cathédrale d’Embrun.
C’est ainsi mais cela montre quand même bien que la lorgnette avec laquelle on regarde le culte musulman reste bien d’essence chrétienne voire essentiellement catholique.
Le catholicisme a été une religion conquérante avec cette funeste période de l’inquisition et ses conversions forcées (le sabre et le goupillon !). Et puis comment ne pas penser au massacre affreux de la Saint Barthélémy. (Lire à ce sujet l’excellent livre de Jean Teulé : Charly 9).
Il n’est pas faux de dire que ces périodes troubles ont pu être effacées notamment par l’action de Napoléon et plus tard avec la loi de 1905.
Mais il se trouve ainsi que l’Islam est la seule à ce jour à être une religion de conquête.
Il se trouve aussi que par essence originelle comme d’ailleurs toute religion à leur début, l’islam vise à transformer une société en imposant des règles souvent drastiques. Les religions n’ont-elles toujours eu pour nature de vouloir régenter la vie des gens. La religion n’est-elle pas un moyen d’assurer un pouvoir politique ? Si les autres cultes ont accepté de se résoudre à la sphère privée, cela ne peut être le cas du culte musulman.
Il se trouve que cette religion n’est pas ordonnée au sens de l’existence d’un clergé identifié !
L’imam souvent auto promu parce que savant ou excellent orateur est le guide qui tire sa puissance directement de l’illumination divine.
Mais je pense aussi à Jean-Paul II qui se désolait de voir l’emprise du catholicisme baisser dans le monde occidental – n’oublions pas la création des JMJ pour séduire la jeunesse.
Œuvre poursuivie par Benoit XVI et son fameux discours de Ratisbonne qui avait tant heurté les dignitaires musulmans. Quelque chose se mettait bien en marche !
Je pense que l’élection du Pape François n’est pas un simple hasard mais bien une volonté d’ordre politique… D’ailleurs dans son premier discours il assène le mot évangélisation. Il n’est pas jésuite pour rien et être originaire d’Amérique latine n’est pas non plus innocent. (cf l’article que j’avais écrit alors :
Il me semble que nous allons vers un affrontement entre les deux plus grandes religions conquérantes. Comment et quand cela se passera ? Nul ne le sait !
La France qui fut la fille aînée de l’Eglise est confrontée aujourd’hui à une islamisation sournoise.
A force de considérer l’autre dans ses différences, on finit par perdre l’essence même de notre culture si singulière, si généreuse, si humaine.
Pourquoi accepter comme à Lille que des plages horaires ne soient réservées qu’aux femmes. ?
Pourquoi accepter la diversité de menus et notamment la présence de viande hallal (qui relève bien d’un rituel religieux) dans les cantines ou même dans de nombreux restaurants aujourd’hui. J’ai même vu un restaurant chinois indiquer sur sa carte « viande hallal » ! Je pourrais citer d’autres situations comme le souligne le rapport d’enquête présenté au Sénat : https://www.senat.fr/rap/r19-595-1/r19-595-110.html)
Ce sont des petits riens me direz-vous mais quand même au fur et à mesure la garde s’abaisse.
On évoque surtout le principe de laïcité depuis deux dizaines d’années. Que d’incantations !
Mais en fait ne vise-t-on pas la seule religion musulmane qui ne peut par définition rentrer dans la sphère privée.
C’est bien là que le bât blesse !
Pour ma part je pense qu’il n’y a pas d’islam modéré, qu’il n’y a pas d’islam radical… Il n’y a qu’un seul islam – celui qui régit la vie de la communauté musulmane (chez les sunnites l’Oumma) !
Alors que faire ?
Je me dis tout d’abord que cette affaire concerne en premier lieu les français musulmans.
A eux de provoquer un schisme qui puisse définir un islam d’occident en accord avec nos principes de séparation des églises et de l’état. Et ainsi provoquer le fait que cette religion puisse enfin entrer dans la seule sphère privée et ne pas régir lentement mais sûrement notre société.
Il m’est en tant que citoyen de France capital de considérer tel ou tel, non en fonction de sa couleur de peau ou de ses croyances, mais juste comme un être humain capable de grandes et belles choses.
C’est ce que nous avons reçu par notre instruction (j’aime ce mot et il me tarde qu’on le réintroduise enfin plutôt que d’évoquer le mot éducation qui ne signifie in fine rien).
Le président de la République s’est clairement exprimé sur ce sujet qu’il a qualifié de lutte contre le séparatisme islamiste. J’ai trouvé son allocution pleine de bon sens et j’ai noté sa volonté d’agir. Mais les mesures évoquées ne suffiront pas !
Il serait bien, je crois que le président de notre république au travers de ce qu’il a nommé par simple sens de communication « la lutte contre le séparatisme islamiste », pour ne point choquer, propose aux dignitaires musulmans français, comme l’avait fait en son temps Napoléon avec les français de confession juive, la mise en place d’un consistoire musulman et de fait la mise en œuvre d’un véritable clergé « ordonné ».
Ainsi cette pratique cultuelle pourrait alors rentrer dans la sphère privée comme les autres cultes sans porter atteinte aux fondamentaux de notre république.
Cela pourrait même faire l’objet d’un référendum réservé pourquoi pas aux seuls français de confession musulmane, pour peu que la question posée soit lisible et comprise.
Mais je pense que cette idée ne serait pas constitutionnelle à cause du fichage possible comme cela fut fait en d’autres temps. Qui se souvient que la mention de la religion figurait sur les cartes d’identité nationale ?
Mais je persiste à dire que cette volonté de réforme, de schisme, ne peut venir que de nos compatriotes musulmans et d’eux seuls.
Puissent-ils réagir vite pour éviter d’autres drames, d’autres crimes, d’autres incompréhensions mutuelles entre êtres humains vivant sur le même sol et partageant les principes de notre république.
Lyon ce 28-X-2020
jcj