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Le blog de Jean-Claude JOSEPH

Le titre du Point de ce Jeudi 13 novembre 2014 est « Entendez-vous » !

Entendez-vous ? ou Entendez-vous !

On pourrait comprendre ce titre accrocheur de deux façons !

- « Entendez-vous entre vous au lieu de vous faire la guéguerre pour juste une question de pouvoir et/ou d’égo personnels »

Ou

- « Entendez-vous dans nos campagnes le Peuple qui souffre ».

La parole est ainsi donnée à François Bayrou qui retrouve devant les agonies du bipartisme sa tribune de rassembleur.

J’ai bien lu les questions posées par Charlotte CHAFFANJON, journaliste du Point et les réponses de François Bayrou !

Et bien je n’en suis pas vraiment satisfait.

Bien sûr que je partage le constat du délitement actuel du microcosme politique.

D’ailleurs qui aujourd’hui pourrait affirmer sans rire qu’il ne le partage pas ?

Ce qui m’étonne quand même dans la formulation des questions et des réponses est le fait que le débat reste volontiers enfermé dans du déjà vu, du déjà dit et rabâché.

Notre système politique s’est modifié profondément depuis 1988.

De l’intérêt du peuple français et de son vivre mieux s’est substitué un intérêt proprement personnel en recherche d’assises, de pouvoir, de prébendes et de hochets.

Le rôle du politique s’est effacé au profit de l’Administration, de ce que l’on appelle la technocratie. Le politique ne pense plus, ne donne plus matière à l’imagination mais croit que sa seule marque doit être celle d’un gestionnaire, d’un comptable rigoureux.

Ainsi le politique d’aujourd’hui ne raisonne que sur des colonnes de chiffres.

Or derrière ces colonnes glacées de chiffres, qu’y trouve –t-on ?

Et bien la chaleur des hommes, des femmes et des enfants !

C’est ce que nos politiques ont oublié et ce à quoi ils continuent de tourner le dos !

Il me semble important, avant de prôner comme remède à la crise institutionnelle, quelque dissolution immédiate de l’Assemblée Nationale de revenir, comme on le fait en Médecine, sur l’anamnèse du pourrissement démocratique que nous connaissons aujourd’hui.

En effet penser à la dissolution ne revient in fine qu’à vouloir être Calife à la place du Calife ! Et les mêmes causes ne pourront reproduire que les mêmes effets. Alors quoi ? Anamnèse !

En 1958, était adoptée une nouvelle constitution pour passer à une nouvelle République. En effet, la IVème République issue de l’après-guerre, dans un climat rendu particulier par la guerre d’Indochine et la guerre d’Algérie, se manifestait par une instabilité gouvernementale avec ce que l’on appelait le régime des partis et leurs petits arrangements : les "jeux partisans" comme le dit justement Jean-Louis Debré !

Plutôt que des majorités à géométrie variable, il semblait nécessaire d’avoir une majorité claire et stable sans avoir à négocier avec les états-majors des partis.

Si cette constitution a survécu au Général de Gaulle, cela ne veut pas dire pour autant qu’elle soit aujourd’hui adaptée au sens de la Démocratie que nombreux nous voulons et je dis bien aujourd’hui !

En effet, je crois que la réforme tant applaudie du quinquennat, n’a surtout rien résolu, bien au contraire. Cette conjonction de la durée des mandats en gardant l’organisation de l’exécutif en l’état (Présidence et Premier Ministre) ne peut garantir une respiration démocratique et a amené ipso facto une instabilité institutionnelle.

Raymond Barre dans sa réflexion avait bien raison de s’y opposer, tout comme François Bayrou !

Il me semble alors utile en s’appuyant sur la non résolution de cette crise de gouvernance, qui ne sait plus définir le rôle de chacun de l’exécutif tant du président de la République que du chef du gouvernement de tout repenser.

Il y a aujourd’hui et sans doute plus encore demain qu’hier, une vraie défiance du Peuple vis-à-vis des représentants politiques et de leurs instances. Le taux d’abstention en est la marque !

Comment réconcilier le citoyen avec le Politique ? On évoque la nécessaire moralisation de la vie politique et donc le comportement de ceux qui la conduisent !

Mais faut-il croire parce-que la Vème a survécu à son concepteur, qu’elle a vécu l’alternance, qu’elle a traversé les cohabitations sans paralyser l’Etat, qu’elle ne puisse être remise en cause ?

Je crois sincèrement qu’il convient de remettre les choses à l’endroit !

Qui veut-on servir ? Quels intérêts majeurs veut-on protéger ?

Il fut un temps où l’intérêt seul de l’Etat et la protection de ses ouailles prévalait !

Est-ce toujours le cas ? Comment faire alors pour que cet intérêt majeur envers le pays et ses habitants soit constant ?

Je crois à la nécessité des partis politiques. Mais ces partis ne peuvent être de simples écuries au service de l’ambition personnelle de quelques-uns !

Les partis devraient être sous-tendus par l’idéal, la réflexion, le débat et l’imagination pour que demain soit toujours mieux qu’hier ! Est-ce le cas ? Sans doute pas ! Pourquoi ? Comment faire pour que les partis politiques redeviennent ce creuset où le débat d’idées soit continu et permettre alors à chacun d’y trouver sa place sans céder à la tentation de son propre ego et ainsi amoindrir la notion carriériste ?

Cette question est souvent posée et dans mon parti politique il me revient que nous y avions travaillé dans les années 90 sous la notion du statut de l’élu !

C’est pourquoi plutôt que de vouloir une dissolution comme solution, il convient au préalable de repenser la représentation et la respiration démocratiques.

Je plaide ainsi pour une réforme de notre constitution qui ferait par simple logique passer notre Vème République à une VIème République.

S’Il convient de définir la durée des mandats, le mode électoral et permettre une respiration dans la représentation nationale, il n’est pas faux de réfléchir aussi au rôle et aux missions de la haute administration.

En effet, je ne partage pas l’idée que parce-que notre pays a pu traverser des crises institutionnelles, cela soit lié à la pertinence de notre constitution.

Je crois plutôt que c’est essentiellement dû à la capacité de l’administration de confisquer le pouvoir régalien du peuple.

Ainsi je crois que nous sommes soumis à une sorte de « dictature », la dictature administrative empêchant toute capacité citoyenne d’analyse, de réflexion, de critique, d’engagement!

Il existe aujourd’hui un fossé entre les décisions prises à l’emporte-pièce par cette administration et le peuple qui ne peut que les subir sans débattre vraiment.

J’éprouve ainsi le sentiment que plutôt que d’aider et améliorer la vie quotidienne, toutes ces mesures ne sont là que pour mieux la gâcher et l’ennuyer. Cela explique sans aucun doute la morosité dans laquelle nous sommes plongés.

Absence de perspective ! Résignation !

Je crois à la simplicité pour mieux permettre la compréhension. Cela n’est plus le cas. Nos textes de lois sont indéchiffrables pour le non-initié. Pourquoi ?

Je ne suis pas loin de penser que cela est voulu et participe de la volonté de gommer l’esprit critique des citoyens. Ainsi les initiés, ceux qui possèdent les « codes » peuvent se partager les bénéfices liés à l’exercices des pouvoirs.

Comment revenir alors à l’essence même de la Démocratie ?

Je n’ai pas la prétention de tracer l’ordonnance curative de la crise politique qui nous frappe. Mais je pense qu’il serait bien de lancer la réflexion dans quelques directions.

La première est de faire en sorte que tout citoyen de France possède la Connaissance. Le premier chantier doit être ainsi celui de l’Instruction. Je préfère de loin ce terme à celui d’Education.

La deuxième direction doit porter sur l’incongruité du quinquennat avec notre actuelle constitution.

De deux choses l’une, soit nous voulons garder l’esprit de la Vème République soit nous voulons continuer sur le mode du quinquennat.

1. Si nous voulons garder l’esprit de la Vème alors il faut revenir sur la durée du mandat présidentiel et permettre que la parole soit donnée au Peuple au cours de ce mandat afin de vérifier que la Confiance est toujours de mise. (Le mandat des députés restant à 5 ans)

Je plaide donc dans ce cas à un retour au septennat mais à condition qu’il soit non renouvelable. Il conviendrait par ailleurs, au cas où la confiance à la majorité présidentielle est défaillante, de faire en sorte que le président en accepte les conséquences : - dissolution immédiate de l'Assemblée Nationale et si la défiance reste en l'état, Démission.

Il ne me semble pas heureux que puisse avoir lieu quelque cohabitation !

2. Si nous voulons continuer sur la base du quinquennat, alors nous devons oser évoquer la mise en place d’un vrai régime présidentiel et alors le poste de premier ministre n’a plus aucun intérêt et doit être supprimé.

La troisème direction doit porter sur la représentation des citoyens. 

Il convient de réfléchir sur un mode d’élection qui soit juste et qui puisse être pérenne donc inscrit dans la Constitution.

Ce mode de scrutin devrait bien sûr permettre de dégager une majorité tout en étant représentatif du kaléidoscope politique français.

Je trouve que le scrutin le plus conforme à cela est le scrutin de type municipal : Scrutin proportionnel, de liste, à deux tours avec prime majoritaire accordée à la liste arrivée en tête. 

Ce mandat des députés ne devrait être renouvelable qu’une fois et ne devrait pas se cumuler avec d’autres mandats.

Par ailleurs, il me semble important afin d’éviter la tentation de l’enrichissement personnel à moindre frais, d’empêcher le cumul des fonctions liés à cette charge élective !

Cette notion du non cumul des mandats et des fonctions devrait être mise en place également pour toutes les sortes d’élections locales, territoriales, nationales et européennes.

La quatrième direction doit porter sur le rôle de la Haute Administration. Il convient que chacun reste à sa place. Il n'est pas bon pour la Démocratie que la technocratie s'arroge le pouvoir politique. Aussi, afin de ne pas subir la confiscation du pouvoir politique par la Haute Administration dont on constate hélas un certain formatage dans l’analyse, il serait bien que le candidat à la présidentielle et le parti qu'il représente puissent se doter de leur propre administration  à l’instar de ce qui se passe aux Etats-Unis. Certes le renouvellement de chacune des directions ministérielles demanderait un certain temps mais au moins le mot "changement" serait suivi d’effets.

Pour revenir à cet article du Point et en particulier à l’entretien de François Bayrou, je crois qu’avant de demander quelque dissolution qui ne changera rien, il faut provoquer la réflexion sur ces pistes. 

En effet, il est fort à parier que les français voteront non par adhésion à un projet ou un grand dessein, mais exprimeront leur "ras le bol" de manière réactionnelle et épidermique en simple opposition.

Je crois nécessaire de voter pour et non comme depuis plus de 30 ans, contre !

Alors je propose au président de la république de réfléchir à cette réforme sur le mode électif et la qualité des mandats, de prendre en compte la non-viabilité d’un quinquennat avec l’esprit de la Vème République.

Cette réforme constitutionnelle pourrait être proposée au référendum et prendre alors effet de manière immédiate.

Et là seulement, la dissolution de l’assemblée prendrait tout son sens pour le seul intérêt de notre pays et de ses habitants.

Le Changement c'est maintenant !

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